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Hard du hard • Anatomie du PCB d'un SSD
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Dis papa, comment c'est fait un SSD ?

 

Sur un air de Village Poeple in the navyyyyy, nous inaugurons avec grand plaisir ce nouveau type d'article, qui va peupler de plus en plus le Comptoir à l'avenir au sein de nos papiers habituels, afin de vous parler plus en détail du pourquoi du comment de certains compos. Commençons donc avec les SSD, ces fameux SSD dont nous vous parlons depuis leur arrivée sur le marché grand public, et qui auront été la dernière grande révolution matérielle de l'aire PCiste moderne. Du stockage ultra rapide prenant la relève de la, certes magnifique, mécanique des disques durs à plateaux et qui n'a pas manqué de faire couler beaucoup de transistors. Ça tombe bien, puisque cet article va vous expliquer comment sont foutues ces petites bébêtes.

 

anatomie dun SSD

 

• Avant l'ère moderne (de Flash Gordon)

Au début des années 1950, le mastodonte IBM chercha un moyen de stocker des informations binaires sur un support plus rapide et plus fiable que des bandes magnétiques, en place depuis des lustres. Plusieurs ingénieurs se mirent donc à plancher sur le problème, et ce fut Reynold Johnson qui présenta le premier son concept, le RAMAC (acronyme de Random Access Method of Accounting and Control) qui sera alors commercialisé en 1957.

 

ramdac_t.jpg [cliquer pour agrandir]

Un RAMAC entreposé au Computer History Museum

 

Il s'agissait d'un système de plusieurs centaines de kilos dont la capacité totale était de 5Mo. D'une consommation électrique gargantuesque, il était constitué de 50 disques métalliques de 61 centimètres de diamètre tournant à 1200 tours/minute, avec deux têtes de lecture/écriture qui pouvaient se déplacer verticalement d’un plateau à un autre en moins d’une seconde. Les bases de ce qui allait s'appeler « disque dur » étaient posées. Ce concept fut ensuite amélioré par IBM au fil du temps jusqu'à ce que HP sorte en 1970 le premier disque dur à tête mobile, capable de se déplacer sur 2 axes à la fois, donc sur la surface même du disque et non pas uniquement à partir de sa tranche. Ce sera alors un bras de fer technologique entre les quelques gros acteurs du secteur qui durera deux décennies.

 

le HP-7900A

Le HP-7900A, premier disque dur « moderne » sorti en 1971 d'une capacité totale de... 4,9Mo ! (c)HP computer Museum

 

Cependant, la taille de ces périphériques par rapport à leurs capacités de stockage resta problématique jusqu’au milieu des années 1990, quand il fut techniquement possible d'exploiter le phénomène quantique appelé magnétorésistance géante découvert en 1988 par 2 physiciens-chercheurs (dont un Français), ce qui leur vaudra d'ailleurs l'obtention du prix Nobel de physique en 2007. Sans rentrer dans le détail, c'est un phénomène qui fait que, pour un matériau exclusivement constitué d'une alternance de couches de fer et de chrome de seulement quelques atomes d'épaisseur chacune, il se produit un forte chute de résistivité sous l'action d'un champ magnétique. Grâce à cela, on est alors passé d'une densité de stockage de quelques dizaines à plusieurs centaines de Moctets par cm². Mais on savait depuis longtemps que le fonctionnement d'un disque dur reposant sur un principe mécanique et électromagnétique imposerait à terme une limitation des vitesses de transferts des données en lecture et écriture. L'avenir du stockage informatique se devait donc d'évoluer vers autre chose.

 

 

L'avènement de la mémoire non volatile

Les disques durs traditionnels se rangent dans la catégorie des mémoires non volatiles puisqu'ils sont capables de conserver leurs données en l’absence d'alimentation électrique. Mais pour nous autres puristes, une mémoire non volatile concerne avant tout les mémoires à accès direct, en d'autre terme la RAM. Une des toutes premières formes de mémoire RAM non volatile existant dans les années 1960 était d'ailleurs à base de tores de ferrite jusqu'au début des années 1970.

 

un module dEAROM

Mémoire non volatile datant de 1961 constituée de tores de ferrite pouvant stocker 1024 bits de données (c)Konstantin Lanzet

 

Une des technologies en vigueur à l'époque était la EAROM (Electrically Alterable Read Only Memory) dont la particularité était de perdre l'information au bout de quelques années d'usage. C'était un type d'EEPROM fonctionnant sur 12V qui ne pouvait modifier ses données qu'un seul bit à la fois, et dont le processus d'écriture était très long. En 1976, à partir de cette technologie, la société américaine Dataram a produit pour le constructeur DEC ce qui ressemble au tout premier disque de type SSD (sous la dénomination de Bulk Core) dont la capacité de stockage était de 2Mo.

Et pendant une quinzaine d'années, il y a eu une succession de concepts plus ou moins différents et novateurs, tels que la Bubble Memory d'Intel, les Romdisk d'IBM fabriqués par Curtis, ou encore les premiers lecteurs Adtron de carte mémoire fabriquées par Epson et Mitsubishi. Puis un jour de 1984, Toshiba a mis au point la mémoire NOR grâce aux travaux du Dr. Fujio Masuoka, et la mémoire NAND trois ans après, plus rapide et moins coûteuse à produire, qui se rependra largement les années suivantes à travers les mémoires Flash. Tout cela coïncide aussi avec le développement de l'intégration à très grande échelle des semi-conducteurs (VLSI) durant les années 1990 et 2000 dans lesquelles des circuits de plus en plus denses furent mis au point. Et entre 2007 et 2008, il fut envisagé d'exploiter ce genre de mémoire NAND dans un système de stockage de masse dans lequel elles sont organisées en matrice de 8 ou de 16 et pilotées par un contrôleur dédié : le concept du Solid-State Drive était posé.

 

ssd OCZ core

Un des premiers disques SSD 2,5 pouces grand public SATA sorti en 2008, et oui on s'appelait encore Puissance PC !

 

On trouve beaucoup d'avantages au SSD par rapport à un disque dur traditionnel : pas de bruit, résistant aux chocs physiques, une consommation moindre, des temps d'accès aux données très largement inférieurs, et une latence beaucoup plus faible. Mais dès la sortie des premiers modèles, le prix était un facteur dissuasif, et encore aujourd'hui, bien que sur une pente descendante, le prix de l'octet NAND est toujours 4 à 7 fois supérieur à celui de l'octet magnétique.

 

Maintenant que le décor est planté, nous allons pouvoir nous intéresser de près à tous les aspects techniques d'un SSD et aborder sa conception, son architecture et ses composants.



Un poil avant ?

PNY avait aussi du SSD à présenter au CES

Un peu plus tard ...

Firefox 35 est disponible

Les 37 ragots
Les ragots sont actuellement
ouverts à tous, c'est open bar !
par Un ragoteur Gaulois embusqué, le Mercredi 24 Février 2016 à 20h18  
par Je ne ragote pas moi ! embusqué, le Mercredi 27 Mai 2015 à 07h15  
Je tiens à dire que l'article est très fourni techniquement, bien expliqué, et je pense qu'a partir de maintenant on ne regardera pas les SSD du même œil.

Beau travail les garçons pour ce grand dossier.
par Je ne ragote pas moi ! embusqué, le Mercredi 27 Mai 2015 à 07h08  
Il y a un détail dans lequel je n'ai pas vu de remarque, c'est sur la qualité de l'oscillateur du contrôleur. Il a son influence sur les PLL et donne déjà une première indication sur la stabilité de fonctionnement des SSD et la probabilité que du jitter ( gigue en FR ) tape l'incruste dans le fonctionnement du contrôleur, génère des erreurs et rende ses performances un peu variables.

Concernant le marquage des composants et des points tests, il n'est pas obligatoire. Il suffit d'avoir la doc technique pour savoir ou ils se trouvent. Voir les pastilles en cuivre nu, elles ne le sont pas pour rien.

Concernant la redondance de l'alimentation, c'est seulement une option, pas une amélioration. C'est juste un pneu de secours. Ce qui compte c'est la mise en œuvre, la protection et la stabilité de l'alimentation aux variations de la charge. Les condensateur tantales sont gage de fiabilité et de durabilité, quand au chimiques d'Intel, ils sont de grande qualité et durables.
par Un ragoteur process de Franche-Comte, le Samedi 23 Mai 2015 à 20h57  
"Sandisk a conçu là un circuit imprimé simple face avec le soucis de ne poser aucun composant sur la face extérieure pour les protéger d'une éventuelle décharge électrostatique."

Mais non, c'est pas pour ça... Ca évite de passer le PCB deux fois sur la ligne (1 par face) donc c'ets plus rapide et donc moins cher à produire...

Et les points de test c'est pas pour que le quidam aile voir avec son oscilloscope : en fin de ligne électronique, il y a ce qu'on appelle un ICT ou test In-Situ (ou "lits à clous" ) qui se charge en un coup de contrôler les valeurs de tous les composants liés au points tests, au cas ou il y ait eu un pbm dans le process... Ca sert qu'une fois dans la vie du produit.
par MirageFL, le Dimanche 22 Février 2015 à 13h06  
Superbe initiative CDH, un grand merci !!
par MetallixX974, le Vendredi 16 Janvier 2015 à 19h46  
Génial l'article
par GrosDadou du Nord-Pas-de-Calais, le Jeudi 15 Janvier 2015 à 21h53  
Excellent article ! Très instructif, bien rédigé, agréable à lire, de belles photos macros, bref un régal.
J'ai cependant trouvé deux coquilles dans le paragraphe sur le plextor M6E: "...circuits intégrés qu'il emploi. Un minimum de stockage est de filtrage est cependant effectué..."
Mais je le redis: super article !
par cakinou, le Jeudi 15 Janvier 2015 à 21h26  
Cool, de la lecture instructive

Merci à l'équipe du CDH !
par Stéphane M., le Jeudi 15 Janvier 2015 à 12h38  
par Un fossile de Lorraine, le Jeudi 15 Janvier 2015 à 11h53
A noter que la SRAM est quelque part non-volatile, d'ailleurs...
??
Euh, en quoi une SRAM est-elle non volatile ? Elle ne retient pas son état mémoire lorsqu'elle n'est plus alimentée.
par Un fossile de Lorraine, le Jeudi 15 Janvier 2015 à 11h53  
A noter que la SRAM est quelque part non-volatile, d'ailleurs...

La ROM n'existe plus de toute façon, déjà il y a 20 ans elle avait été remplacée quasi intégralement par l'EEPROM qui était très similaire à la flash (accès non "random" mais R/W quand même), elle était juste limitée à une utilisation en tant que ROM par son environnement.
par Stéphane M., le Jeudi 15 Janvier 2015 à 10h10  
par Un ragoteur curieux embusqué, le Jeudi 15 Janvier 2015 à 09h21
Salut les gens :-)
Bon, j'y vais de mon commentaire aussi, en toute sympathie et humilité.
Article que je vais lire en entier d'ici peu, mais déjà une phrase me chagrine :
"Mais pour nous autres puristes, une mémoire non volatile concerne avant tout les mémoires à accès direct, en d'autre terme la RAM" ==> sauf erreur de ma part et du haut de mes petites connaissances, c'est le contraire : la RAM est bien une mémoire à accès direct, mais elle est de type volatile et non pas non-volatile en opposition à la ROM.
Suis-je dans le vrai ou avez-vous un autre point de vue ?
En fait, la RAM (Random Access Memory) désigne plutôt la nature de l'accès à ses tables (en l'occurrence Random), pas l'état de charge électrique de ces électrons. Il y a des RAM volatiles (Static RAM, Dynamic RAM, etc) et d'autres RAM non-volatiles (Magnetic RAM, Phase-change RAM, etc.)
par Un ragoteur curieux embusqué, le Jeudi 15 Janvier 2015 à 09h21  
Salut les gens :-)
Bon, j'y vais de mon commentaire aussi, en toute sympathie et humilité.
Article que je vais lire en entier d'ici peu, mais déjà une phrase me chagrine :
"Mais pour nous autres puristes, une mémoire non volatile concerne avant tout les mémoires à accès direct, en d'autre terme la RAM" ==> sauf erreur de ma part et du haut de mes petites connaissances, c'est le contraire : la RAM est bien une mémoire à accès direct, mais elle est de type volatile et non pas non-volatile en opposition à la ROM.
Suis-je dans le vrai ou avez-vous un autre point de vue ?