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Intel 18A : un rendement d'à peine 10 %

Le renoncement à l’Intel 20A officialisé quelques semaines avant le lancement des processeurs Arrow Lake (Core Ultra 200S) au profit du N3 de TSMC, ainsi que l’externalisation complète de la fabrication des tuiles des puces mobiles Lunar Lake (Core Ultra 200V), ont révélé au grand jour qu’Intel n’était tout simplement pas en mesure d’assurer une production de masse à de telles finesses sur ses propres lignes. Depuis, la société nous sert un discours très « vous allez voir ce que vous allez voir » pour l’Intel 18A, le nœud censé mettre tout le monde d’accord, et envoyer un uppercut à la concurrence en étant le premier à descendre sous les 2 nm. Cette assurance de façade dissimule, pour l'instant, une réalité nettement moins glorieuse.

intel wafer

Des rendements inadaptés à une production de masse à ce stade

Un rapport de Chosun (via Notebookcheck) revient sur des tests menés en septembre dernier par Broadcomm. Ils étaient conduits en vue d’un accord de fabrication pour le processus 18A d’Intel  et avaient été documentés par Reuters. Le journal révélait alors que les essais n’avaient pas du tout été concluants ; précisait que les wafers de silicium d'Intel ne répondaient pas aux exigences de Broadcom, tout en soulignant n’avoir « pu déterminer si Broadcom avait décidé de se retirer d'un éventuel accord de fabrication ».

Dans une publication datée du 4 décembre, le média coréen Chosen nous apprend que le wafer examiné par Broadcomm contenant 9 puces sur 10 défectueuses. Autrement dit, que le rendement était d’environ 10 % ; une valeur logiquement inadaptée à la production de masse.

Bien entendu, la maîtrise d’une nœud aussi avancée que le 18A et de toutes les technologies qui y sont liées (Ribbon FET et Backside Power Delivery par exemple) prend du temps. Un rendement de 20 % a été avancé pour les débuts du 3 nm chez Samsung notamment. D’ici 2025, année au cours de laquelle Intel prévoit de fabriquer en masse des processeurs (les puces serveurs Clearwater Forest, les Core Panther Lake, divers composants pour le département de la défense américain…), la société a encore quelques mois pour perfectionner son nœud 18A et améliorer ses rendements (sans compter ceux qui se sont écoulés depuis septembre).

Nous verrons bien comment s’en sortira Intel en temps et en heure, mais pour en revenir à des considérations plus actuelles, l'article de Chosen sous-entend que le départ de Pat Gelsinger résulte en grande partie de son incapacité à être parvenu, en dépit de son entêtement, à remettre l'activité de fonderie de l’entreprise au niveau de TSMC .

La source est en coréen est la traduction n’est donc pas idéale, mais voici l'un des extraits : « Alors qu'il s'est concentré de manière obstinée sur les activités de fonderie, les performances de l'entreprise ont chuté d'année en année ». Le paragraphe se conclut en évoquant « des plaintes selon lesquelles M. Gelsinger aurait perdu le contact avec les évolutions de l'industrie et se serait trop focalisé sur la construction d'usines plutôt que sur le développement de produits de pointe ».

Ceci dit, avant d’accepter l’externalisation, pratique qui n’était jusqu’alors pas du tout dans l’ADN de l’entreprise, la branche conception d’Intel était dépendante de la division Foundry pour fabriquer ses puces ; que le patron ait mis le paquet pour rattraper le retard et ainsi être en mesure de faire fabriquer en interne des « produits de pointe » n’était donc pas non plus totalement insensé.

Par ailleurs, de nos jours, si ce type d'organisation n’est, peut-être, pas la bonne approche, si les entreprises dites fabless et les fonderies exclusives sont celles qui tirent le mieux leur épingle du jeu (assertion discutable avec le cas Samsung), cet état n’a rien d’immuable ; rien ne dit qu’Intel ne devra pas finalement son salut à ses usines et que celles-ci ne referont pas sa fierté d’ici quelques années. Ainsi, bien que la subvention accordée à la société dans le cadre du Chips Act a été rabotée il y a peu, l'appareil productif de semi-conducteurs qu'elle possède sur le territoire américain lui sera possiblement salutaire dans d'autres contextes économiques et géopolitiques  — du moins, si elle ne l'a pas cédé à une autre entité d'ici là.

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