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Pat et Intel, c’est terminé

En dépit de ses récurrentes prédications assénées sur un réseau social détenu par un milliardaire pas vraiment chrétien, Pat Gelsinger n’aura pas finalement pas été le messie d’Intel (enfin, qui sait, il sera peut-être reconnu comme tel dans quelques années). Ne vous en faîtes pas, il ne finit pas en martyr non plus ; il quitte juste ses fonctions.

pat gelsinger recadre

Photo prise le 27 novembre dernier. Un Pat tout heureux, encore insouciant de ce que l’avenir lui réservait, en train de visiter le supercalculateur xAI

Pat Gelsginer 2021 - 2024

La sentence est tombée hier, 2 décembre 2024, à 8:30 AM EST. Pat Gelsinger, plus conventionnellement appelé « Patoche » par ses intimes, n’est plus PDG d’Intel. Il est remplacé par deux dirigeants intérimaires, David Zinsner, directeur financier, et Michelle Johnston Holthaus, directrice générale d'Intel Products. Le conseil d'administration recherche un nouveau PDG — vous pouvez nous envoyer votre CV avec lettre de motivation, nous ferons suivre. Quant à Pat, il perd son statut mais se retire également du conseil d’administration. Il aura passé plus de quatre décennies chez Intel. Il avait pris les rênes de la société en 2021.

Nous vous passons les déclarations de circonstance louant la qualité du dirigeant mais aussi de l’homme ; vous pouvez prendre connaissance de tous ces panégyriques dans le communiqué de presse d’Intel « Intel Announces Retirement of CEO Pat Gelsinger ». Les performances décevantes de l’entreprise, dont le cours de l’action est passé d’un peu plus de 60 dollars à environ 24 dollars actuellement, ont sans doute pesé plus lourd que les qualités de Pat Gelsinger dans la balance de cette décision.

À propos de la situation de la firme, ces derniers mois, des rapports ont indiqué que le conseil d'administration d'Intel étudiait un projet de scission de l'entreprise et de séparation des activités de fonderie. Le communiqué de presse indique que le conseil d'administration souhaite remettre la branche produits au cœur de l’entreprise, tout en stipulant que ce projet implique de retrouver le leadership côté processus de fabrication.

Pour en revenir à Pat Gelsinger, il ne s’est pas épanché sur ses projets futurs. Il a juste publié le message suivant sur X : « Diriger Intel a été l'honneur de ma vie. Je suis à jamais reconnaissant aux nombreux collègues du monde entier avec lesquels j'ai travaillé au sein de la famille Intel et je peux regarder avec fierté tout ce que nous avons accompli ensemble. Merci à tous ! »

L’avenir se chargera de juger du bilan du désormais ancien PDG d’Intel. Il restera comme le principal artisan de la stratégie IDM 2.0. Celle-ci vise à faire passer Intel de concepteur de puces qui les fabrique à véritable fonderie tierce produisant pour des clients externes. Un projet qui nécessite bien sûr de lourds investissements, et qui prend du temps avant d’être rentabilisé — pas le genre de stratégie appréciée par des financiers qui, au même titre que bon nombre de politiques, pensent surtout à leurs intérêts à court-terme. Citons les investissements en Europe, avec en point d’orgue un projet de construction d’une MegaFab en Allemage notamment (désormais suspendu).

En tout cas, reconnaissons à Pat Gelsigner la capacité qu'il a eue à remettre Intel en marche sur les nœuds de gravure. Il a lancé un plan visant à fournir cinq nœuds en quatre ans afin d'aider l'entreprise à reprendre pied face à son rival TSMC. À ce jour, le succès ou l’insuccès de cette stratégie paraît surtout conditionné au nœud 18A, qui n'a pas encore été livré. Les premiers signaux sont toutefois plutôt encourageants.

Dans le même temps, depuis sa prise de fonction, Pat Gelsinger a dû prendre de nombreuses mesures de réduction des coûts, dont certaines se sont soldées par des retards, voire des annulations de certains produits, au grand profit d’AMD et de NVIDIA pour les processeurs et cGPU, mais aussi les concepteurs de puces Arm, sur le marché des serveurs.

Sur le segment grand public, les Ryzen avaient commencé à grignoter les PDM d’Intel bien avant la prise de pouvoir de Pat Gelsinger. Et malgré des Lunar Lake et des Arrow Lake plus convaincants que les Core de précédentes générations, le phénomène ne semble pas s’arrêter, loin de là ; d’autant plus que pour les joueurs, AMD a pris un avantage sérieux avec ses Ryzen X3D. Cette situation est tout de même à nuancer, Intel ayant toujours chasse gardée sur le marché des PC portables — le principal en matière de volume. À propos des GPU, Alchemist a été globalement un échec ; à voir ce que va donner la lignée Battlemage, laquelle doit accoucher de ses premiers rejetons, les Arc B580 et B570,  le 3 décembre, donc aujourd'hui.

Enfin, les coupes budgétaires ont bien sûr atteint un point d’orgue cet été avec un plan de restructuration massif. Toujours en cours, il a débouché sur le licenciement d’environ 15 % des effectifs mondiaux d’Intel (soit entre 15 000 et 17 000 employés en fonction des sources).

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