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Faut-il prévoir plus de fusions dans l'industrie hardware à l'avenir ?

Ces dernières années, le nombre d'acteurs dans le secteur de l'électronique, autant publique que professionnelle, n'a cessé de diminuer, alors que le secteur est toujours en expansion. Si les ragots et rumeurs donnent des explications tangibles, mais aussi loufoques ou complotistes, il est plus simple de donner une vision plus scientifique sur le sujet, car oui, l'économie reste une science après tout. Le site spécialisé Semi Engineering et vos piliers favoris ont donc dressé un tableau de la situation, et le pourquoi les entreprises tendent de plus en plus à fusionner entre elles, voire à disparaitre parfois, en se basant sur de nombreuses observations, afin de ne pas s'étonner à chaque opération. 

 

Une situation pas si récente 

Commençons par le constat des dernières années, pour ne pas se mélanger les pinceaux. Il est difficile de ne pas directement penser à la récente acquisition d'ARM par NVIDIA, le tout pour la modique somme de 40 milliards de dollars US. Toutefois, d'autres grands noms ont réalisé des opérations de ce genre par le passé, comme le rachat de Burr-Brown ou de National Semiconductor par Texas Instruments, qui a permis au géant américain de prendre la première place dans le secteur de l'électronique analogique, vous retrouvez parfois leurs puces dans les circuits audios de bonne qualité dans vos PC. Il y a aussi Analog Device récemment avec son intégration de Maxim, ce qui lui permet de se rapprocher de son ennemi de toujours. Et encore ce ne sont que quelques exemples, si nous les listions tous, nous devrons en faire un wiki dédié. 

 

nvidia arm union burger chips cdh

Le dernier mariage en date, signé par notre grand gourou adoré (true story).

 

Des influences politiques fortes

Pourquoi de tels mouvements existent, alors que l'industrie évolue, et surtout comment pouvons-nous les prévoir ? L'industrie électronique est dépendante de certaines décisions politiques déjà, malgré les géants impressionnants qui régissent le secteur. Certaines décisions sont visibles ou font facilement parler d'elles, comme les tensions entre la Chine et les US ou les restes entre Corée et Japon, souvent basés sur des restent de conflits armés passés, mais aussi sur des mentalités protectionnistes. 

 

Bien entendu, les opérations interventionnistes prévenantes des USA datent des débuts de la guerre froide, à une époque où les enjeux géopolitiques avaient une importance forte pour le pays. Or, depuis la fin des années 80, les rachats et fusions deviennent fréquents, et le gouvernement américain commence à se pencher plus sérieusement sur l'industrie électronique qui devient à ce moment-là une des plus importantes, notamment sur le rachat de Fairchild Semiconductor par Fujitsu qui sera annulé par le président Reagan en 1987. Cependant, cela n'est valable que dans un sens, et certains groupes vont gonfler, comme Micron ou Intel, qui grâce au soutien des autorités sont devenus des acteurs majeurs.

 

De l'autre côté du Pacifique, les choses ont aussi bougé, limitant de plus en plus le nombre d'entreprises présentes sur le marché, comme pour le cas de Samsung en Corée ou de Toshiba et Fujitsu au Japon. Ces petits jeux de pouvoir ont profité de l'action des gouvernements de chaque pays, et la situation actuelle avec la Chine avec Huawei et SMIC n'est qu'un élément de plus dans une partie de Risk autour de cet océan.

 

bras de fer usa aigle chine dragon

Un combat qui continue de battre de l'aile encore aujourd'hui avec SMIC.

 

Au niveau européen, l'influence des états est plus faible, ce qui fait qu'actuellement il n'y a plus d'entreprise du vieux continent dans le top 10 des fabricants. Néanmoins, cela ne veut pas dire que le secteur est en chute libre, celui-ci continue en effet de travailler et d'être à la pointe dans des domaines précis, comme les capteurs ou l'optoélectronique. Une relance pour 2021 pourrait même être à prévoir selon certaines analyses, à voir l'influence des nouvelles technologies en cours de recherche ou de développement - comme les batteries ou les véhicules électriques - et des tensions de l'autre côté du globe. 

 

La finance et l'électronique, ennemis de toujours

Les décisions géopolitiques brutes ne sont pas les seuls facteurs prédominants dans l'évolution de l'industrie électronique et informatique. Les variations des ventes sont sensibles au pouvoir d'achat des consommateurs, ce qui veut dire que les bulles financières et les crises économiques ont un impact fort, même si le secteur n'est pas directement concerné. Les trois dernières grandes crises ont provoqué à chaque fois un ralentissement et une décroissance conséquents durant un an ou deux, or nous pouvons constater que la relance se fait bien dans le secteur par la suite.

 

wsts 1996 2020 market

 

Quel lien avec les fusions et rachats ? Il est simple : soit certaines entreprises, par manque de cash et/ou par endettement, vendent leurs parts ou la totalité du capital, soit elles vont former des alliances avec d'autres entités afin de se renforcer face aux difficultés. Bien souvent, ces effets ne se font pas immédiatement, mais sont le résultat sur le long terme d'échec de relance ou de la mort progressive de certaines activités, liées à des transitions trop brutales.

 

Récemment, c'est l'arrêt de la production de nombreux composants électroniques - et surtout des voitures électriques - qui a mis à mal le géant allemand Infineon, qui était présent dans notre cas dans plusieurs alimentations et VRM de cartes mères et cartes graphiques. Il faudra donc s'attendre à des mouvements importants chez les fabricants de puces, qui selon les activités économiques et les secteurs touchés par la crise, pourront soit renaitre - comme Renesas -, soit traverser une sombre période, comme Infineon.

 

La boule de cristal sur le turfu

En conclusion, nous pouvons prévoir que dans tout ce joyeux - ou triste, au choix - bordel, les mouvements entre sociétés devront s'enchainer. Car avec les tensions géopolitiques et les moyens financiers de certaines firmes, la stabilité acquise durant les années 90 va progressivement se chambouler. Une situation qui risque d'avoir un impact fort sur le monde informatique et hardware que nous connaissons, néanmoins il n'est pas certain que le scénario soit unique.

 

trump gambling semiconductor cdh

Et pour la fin de mon mandat, un petit all-in de mon industrie électronique monsieur Jinping.

 

En effet, cette situation amène aux déçus et laissés pour compte d'avant - ou aux jeunes fougueux - de se faire une place dans le marché, en essayant de satisfaire les déçus. Le conflit sino-américain permet à la Chine de booster la recherche sur son propre territoire et de développer une certaine indépendance technologique, ce qui pourrait amener à des améliorations des architectures existantes. Certains pays neutres sur les relations diplomatiques, comme le Canada ou l'Allemagne, pourraient à terme être des nouveaux berceaux d'innovations architecturales et techniques, en se basant sur des entreprises existantes ou en développant de nouveaux acteurs.

 

Car finalement, les techniques d'enfermement sur soi-même n'ont pas été très efficaces par le passé, et à force de trop vouloir gérer le secteur, certains s'en sont déjà mordu les doigts, comme Texas Instrument ou Siemens Semiconductor. Les solutions propriétaires peuvent finir par se faire bouder par les acteurs et consommateurs, et à une époque où le développement communautaire reprend petit à petit du terrain avec l'industrie de l'IoT - le dernier Saint Graal dans le secteur - il risque d'être difficile pour les géants d'imposer un standard pour tous les gouverner.

 

napoleon boule de cristal

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par Reflections_Auvg-Rhon-Alp en Île-de-France, le Mardi 29 Septembre 2020 à 20h46  
A noter que c'est quand même dingue que malgré l'Union Européenne, on n'est toujours pas capables d'être indépendants technologiquement.

ARM a quand même une bonne partie de sa R&D en Europe, à Cambridge (Cortex A53, A55) et à Sophia Antipolis (A76) notamment.

On STMicroelectronics, Technicolor SA (ex Thomson SARL), Siemens, etc mais la seule chose qu'on a de quasi concret à l'échelle mondiale pour le grand public en informatique, c'est Galileo qui s'est mangé un gros bug en Juillet 2019 alors que son concurrent russe GLONASS n'a pas connu un tel problème.

Et puis merde quoi, on a quand même ASML qui est en Hollande ! Qui est LE producteur mondial de machines à graver des puces. Ils attendent quoi sérieux ?

Très franchement, si on ne veut pas se faire bouffer par les USA ou la Chine, va falloir s'allier à la Russie là. Parce que je doute que ces derniers voient d'un bon oeil la montée de de son voisin Chinois ou de leurs pires ennemis (USA).
Ne serait-ce que pour nous garder les russes au chaud plutôt qu'ils s'allient à la Chine et nous bouffent tout cru, ce serait pas mal.

Soit ça, soit forcer d'une main de fer que la technologie ne quitte pas le sol européen en obligeant les boites à ne pas se vendre aux plus offrants hors Europe. Surtout l'Allemagne en ce qui concerne les technologies massivement offertess à la Chine, et la France est mal loin non plus en la matière.
Parce que niveau main d'oeuvre pas chère, il y a les Pays de l'Est qui n'attendent que ça, mais ils se font acheter par les pays Arabes et la Chine !

Saisir Dresde et le prochaine Gigafactory serait pas mal aussi.

Mais non, au lieu de ça, le QG de l'UE sert gros nid à lobby, surtout américain.
par Ideal, le Mardi 29 Septembre 2020 à 20h12  
@Guillaume si on regarde ta profanation casino royale de + près on peut remarquer que tu estimes la valeur d'Intel comme étant inférieure à celle de Micron.
Et la valeur AMD comme étant supérieure à celle de NVidia, c'est trop impie cette profa vous avez aucune limite !
par Jemporte, le Mardi 29 Septembre 2020 à 19h41  
Sinon on peut aussi penser à un autre genre de fusion ... nucléaire. Bien plus probable à l'avenir.
On en parlait beaucoup il y a 5 ans, mais il ne faut pas croire que ça bosse pas en ce moment sur pas mal de projets secrets plus ambitieux et souvent plus chers que ITER.
Message de Reflections_Auvg-Rhon-Alp en Île-de-France supprimé par un modérateur : vilain doublon
par Reflections_Auvg-Rhon-Alp en Île-de-France, le Mardi 29 Septembre 2020 à 18h50  
Cette image de fin.

Super billet, la question mérite clairement d'être posée (mais pas répondue ).

Ca va clairement se concentrer sur le moyen-terme (à l'échelle de la géopolitique, soit 10 ans), et y'aura que trois issues possibles:
- Soit ça innove (POWER, RISC-V, SPARC, ASICs, FPGAs, etc) et ça réussi à être un tant soit peu indépendant.
- Soit ça innove mais ça se fait racheter par un gros (on pense à IBM ou autre, voire carrément Intel, AMD, Nvidia, apple, etc), donc ça va juste être autant concentré au final. Y'a que la techno qui change.
- Soit l'innovation n'y arrive pas et ça restera concentré.

Deux possibiliés sur trois pour que ça le reste . Si c'est POWER ou RISC-V qui domine seul tant mieux, si c'est ARM ou autre obsolescences programmables, il vaut mieux que ce soit pas concentré du tout.

Parce que dans l'équation, il y a aussi un compte à rebours: La géopolitique ou le futur manque de ressources pour produire nos bits.

On est presque à l'ère du graphène pour les batteries (cf les batteries hybrides sur les derniers smartphones), donc d'ici 10-20 ans ça se sera popularisé, c'est déjà ça de pris.

Pour les puces de stockage, je pense qu'on devra attendre 30-40 ans et 40-50 ans encore pour les unités de calculs.

D'ailleurs, est-ce que le graphène pourrait faciliter l'arrivée des CPUs quantiques ?

 
car oui, l'économie reste une science après tout


Comme le "Prix Nobel" d'Economie ?

L'économie, c'est surtout des théories.
par Jemporte, le Mardi 29 Septembre 2020 à 17h43  
Il y a prévoir et accepter. Deux choses différentes.