Faut-il prévoir plus de fusions dans l'industrie hardware à l'avenir ? |
————— 29 Septembre 2020 à 18h35 —— 16263 vues
Faut-il prévoir plus de fusions dans l'industrie hardware à l'avenir ? |
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Ces dernières années, le nombre d'acteurs dans le secteur de l'électronique, autant publique que professionnelle, n'a cessé de diminuer, alors que le secteur est toujours en expansion. Si les ragots et rumeurs donnent des explications tangibles, mais aussi loufoques ou complotistes, il est plus simple de donner une vision plus scientifique sur le sujet, car oui, l'économie reste une science après tout. Le site spécialisé Semi Engineering et vos piliers favoris ont donc dressé un tableau de la situation, et le pourquoi les entreprises tendent de plus en plus à fusionner entre elles, voire à disparaitre parfois, en se basant sur de nombreuses observations, afin de ne pas s'étonner à chaque opération.
Commençons par le constat des dernières années, pour ne pas se mélanger les pinceaux. Il est difficile de ne pas directement penser à la récente acquisition d'ARM par NVIDIA, le tout pour la modique somme de 40 milliards de dollars US. Toutefois, d'autres grands noms ont réalisé des opérations de ce genre par le passé, comme le rachat de Burr-Brown ou de National Semiconductor par Texas Instruments, qui a permis au géant américain de prendre la première place dans le secteur de l'électronique analogique, vous retrouvez parfois leurs puces dans les circuits audios de bonne qualité dans vos PC. Il y a aussi Analog Device récemment avec son intégration de Maxim, ce qui lui permet de se rapprocher de son ennemi de toujours. Et encore ce ne sont que quelques exemples, si nous les listions tous, nous devrons en faire un wiki dédié.
Le dernier mariage en date, signé par notre grand gourou adoré (true story).
Pourquoi de tels mouvements existent, alors que l'industrie évolue, et surtout comment pouvons-nous les prévoir ? L'industrie électronique est dépendante de certaines décisions politiques déjà , malgré les géants impressionnants qui régissent le secteur. Certaines décisions sont visibles ou font facilement parler d'elles, comme les tensions entre la Chine et les US ou les restes entre Corée et Japon, souvent basés sur des restent de conflits armés passés, mais aussi sur des mentalités protectionnistes.
Bien entendu, les opérations interventionnistes prévenantes des USA datent des débuts de la guerre froide, à une époque où les enjeux géopolitiques avaient une importance forte pour le pays. Or, depuis la fin des années 80, les rachats et fusions deviennent fréquents, et le gouvernement américain commence à se pencher plus sérieusement sur l'industrie électronique qui devient à ce moment-là une des plus importantes, notamment sur le rachat de Fairchild Semiconductor par Fujitsu qui sera annulé par le président Reagan en 1987. Cependant, cela n'est valable que dans un sens, et certains groupes vont gonfler, comme Micron ou Intel, qui grâce au soutien des autorités sont devenus des acteurs majeurs.
De l'autre côté du Pacifique, les choses ont aussi bougé, limitant de plus en plus le nombre d'entreprises présentes sur le marché, comme pour le cas de Samsung en Corée ou de Toshiba et Fujitsu au Japon. Ces petits jeux de pouvoir ont profité de l'action des gouvernements de chaque pays, et la situation actuelle avec la Chine avec Huawei et SMIC n'est qu'un élément de plus dans une partie de Risk autour de cet océan.
Un combat qui continue de battre de l'aile encore aujourd'hui avec SMIC.
Au niveau européen, l'influence des états est plus faible, ce qui fait qu'actuellement il n'y a plus d'entreprise du vieux continent dans le top 10 des fabricants. Néanmoins, cela ne veut pas dire que le secteur est en chute libre, celui-ci continue en effet de travailler et d'être à la pointe dans des domaines précis, comme les capteurs ou l'optoélectronique. Une relance pour 2021 pourrait même être à prévoir selon certaines analyses, à voir l'influence des nouvelles technologies en cours de recherche ou de développement - comme les batteries ou les véhicules électriques - et des tensions de l'autre côté du globe.
Les décisions géopolitiques brutes ne sont pas les seuls facteurs prédominants dans l'évolution de l'industrie électronique et informatique. Les variations des ventes sont sensibles au pouvoir d'achat des consommateurs, ce qui veut dire que les bulles financières et les crises économiques ont un impact fort, même si le secteur n'est pas directement concerné. Les trois dernières grandes crises ont provoqué à chaque fois un ralentissement et une décroissance conséquents durant un an ou deux, or nous pouvons constater que la relance se fait bien dans le secteur par la suite.
Quel lien avec les fusions et rachats ? Il est simple : soit certaines entreprises, par manque de cash et/ou par endettement, vendent leurs parts ou la totalité du capital, soit elles vont former des alliances avec d'autres entités afin de se renforcer face aux difficultés. Bien souvent, ces effets ne se font pas immédiatement, mais sont le résultat sur le long terme d'échec de relance ou de la mort progressive de certaines activités, liées à des transitions trop brutales.
Récemment, c'est l'arrêt de la production de nombreux composants électroniques - et surtout des voitures électriques - qui a mis à mal le géant allemand Infineon, qui était présent dans notre cas dans plusieurs alimentations et VRM de cartes mères et cartes graphiques. Il faudra donc s'attendre à des mouvements importants chez les fabricants de puces, qui selon les activités économiques et les secteurs touchés par la crise, pourront soit renaitre - comme Renesas -, soit traverser une sombre période, comme Infineon.
En conclusion, nous pouvons prévoir que dans tout ce joyeux - ou triste, au choix - bordel, les mouvements entre sociétés devront s'enchainer. Car avec les tensions géopolitiques et les moyens financiers de certaines firmes, la stabilité acquise durant les années 90 va progressivement se chambouler. Une situation qui risque d'avoir un impact fort sur le monde informatique et hardware que nous connaissons, néanmoins il n'est pas certain que le scénario soit unique.
Et pour la fin de mon mandat, un petit all-in de mon industrie électronique monsieur Jinping.
En effet, cette situation amène aux déçus et laissés pour compte d'avant - ou aux jeunes fougueux - de se faire une place dans le marché, en essayant de satisfaire les déçus. Le conflit sino-américain permet à la Chine de booster la recherche sur son propre territoire et de développer une certaine indépendance technologique, ce qui pourrait amener à des améliorations des architectures existantes. Certains pays neutres sur les relations diplomatiques, comme le Canada ou l'Allemagne, pourraient à terme être des nouveaux berceaux d'innovations architecturales et techniques, en se basant sur des entreprises existantes ou en développant de nouveaux acteurs.
Car finalement, les techniques d'enfermement sur soi-même n'ont pas été très efficaces par le passé, et à force de trop vouloir gérer le secteur, certains s'en sont déjà mordu les doigts, comme Texas Instrument ou Siemens Semiconductor. Les solutions propriétaires peuvent finir par se faire bouder par les acteurs et consommateurs, et à une époque où le développement communautaire reprend petit à petit du terrain avec l'industrie de l'IoT - le dernier Saint Graal dans le secteur - il risque d'être difficile pour les géants d'imposer un standard pour tous les gouverner.
Un poil avant ?Comptoiroscope • Mafia et le jeu des 7 erreurs | Un peu plus tard ...Un Ryzen 7 5800X testé, y a bon ! |
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