Les ordinateurs portables Copilot+ n’apportent rien d’intéressant pour l'instant |
————— 01 Juillet 2024 à 14h19 —— 21797 vues
Les ordinateurs portables Copilot+ n’apportent rien d’intéressant pour l'instant |
————— 01 Juillet 2024 à 14h19 —— 21797 vues
Cela fait maintenant quelques jours (depuis le 18 juin) que les ordinateurs portables Windows propulsés par des processeurs Snapdragon X Series sont disponibles. Pour le moment, ce sont les seuls qualifiés de PC Copilot+. Si vous vous interrogez sur la pertinence d’acquérir une telle machine pour ses supposées capacités IA, un test publié par Avram Piltch de Tom’s Hardware US et au titre explicite – Microsoft's Copilot+ PC exclusive features are a bad joke, even for AI fans – peut trancher tout dilemme.
Avant tout, rappelons que les processeurs Snapdragon X Series de Qualcomm intègrent un NPU (Neural Processing Unit), autrement dit une unité de traitement spécifique aux charges de travail IA. Grâce à sa puissance de 45 TOPS, elle leur permet d’être les premières machines estampillés Copilot+. En la matière, Qualcomm dame ainsi le pion à AMD et Intel. Pas d'inéquiétude, ces deux acteurs historiques proposeront bien des processeurs compatibles d’ici quelques semaines, avec les Ryzen AI 300 et Lunar Lake (Core Ultra 200V), mais les ordinateurs équipés de ces puces n’intégreront les fonctionnalités IA de Copilot+ qu’ultérieurement. NVIDIA est aussi sur le coup des AI PC, bien que les contours de cette éligibilité soient plus floues. Bref, à ce jour, et pendant encore quelques semaines, les seuls PC Copilot+ disponibles sont des ordinateurs Windows-on-Arm équipés de processeurs Qualcomm Snapdragon X.
Inutile de se précipiter sur de telles machines néanmoins – du moins pour leur composante « IA ». En effet, bien que ces puces Arm n’aient plus à rougir face aux x86 sur bien des aspects, l’argument marketing mis en avant par Microsoft est, à ce stade, une farce, pour reprendre les mots de notre confrère.
Concrètement, Copilot+ devait proposer quatre fonctionnalités principales : Cocreator in Paint, Windows Studio Effects, Live Captions avec traductions, et surtout, Recall. Seulement à quelques jours de la commercialisation des ordinateurs, Microsoft a ajourné cette fonctionnalité (censée scruter et enregistrer chacune des actions exécutées sur l’ordinateur), pour des raisons de sécurité et de confidentialité. À la décharge de la firme, Recall était la fonctionnalité phare des PC Copilot+ ; forcément, la retirer a été comme vendre un gâteau aux fruits sans fruits, ou annoncer un banana splil pour finalement apporter un dessert sans banane. Reste que Microsoft pouvait aussi tout à fait anticiper les réactions qu'allait susciter son mouchard.
En conséquence, les trois pauvres fonctionnalités Copilot+ qui restent ne sont pas les plus alléchantes sur le papier ; et leur exécution n’est guère glorieuse.
Au sujet de Cocreator, l’outil de dessin texte-image ajoutée à Paint se charge de transformer le moindre gribouillis en quelque chose d’un peu moins abstrait. Mais il est, aux dires de notre confrère, relativement peu efficace – avec des réalisations très cartoonesques ; en outre, il ne réinvente rien pour quiconque a déjà expérimenté un générateur d’images similaire : Canvas, Craiyon… la liste est longue.
Surtout, l’obligation du NPU pour expérimenter Cocreator est légitimée par l’exécution des algorithmes en local plutôt que via des serveurs ; c’est-à-dire qu'en théorie, l'outil est censé se démarquer par le fait qu'il ne nécessite pas d’être connecté à Internet. Or, pour des motifs de sécurité (ne pas générer des images illicites), ce prérequis est en fait toujours en vigueur.
En résumé, on se retrouve avec un outil moins performant que la concurrence, mais qui affiche les mêmes contraintes. Comme l’écrit Avram Piltch, sous Paint, autant utiliser Image Creator par exemple (lequel est toutefois limité à un nombre d’images, et ne semble pas forcément plus qualitatif si l'on se fie à l'image ci-dessus).
Y a-t-il un passager ou le conducteur est-il un chat dédoublé (on passera sur le volant qui semble sortir par la fenêtre) ?
À propos de Windows Studio Effects, là encore, le constat est dépréciatif. Le NPU des PC Copilot+ autorise notamment différents flous d'arrière-plan… quelle innovation en 2024 ! Notre confrère fait remarquer, à juste titre, que bon nombre d’applications proposent des effets similaires, et s’interroge sur la pertinence d’exécuter cette option localement. Il entrevoit juste l’idée qu’à terme, des sociétés comme Google, Microsoft ou Zoom Video Communications déchargent de tels filtres sur le PC client afin d’économiser quelques ressources au sein de leurs propres serveurs. L’impact s’annonce toutefois minime : Windows Studio Effects n’exploite que 5 ou 6 % du NPU lors des tests de TH.US.
Dernière fonctionnalité, le sous-titrage en direct avec traduction ; de fait, la fonctionnalité de sous-titrage seule n’est pas exclusive au PC Copilot+, mais disponible pour l’ensemble des utilisateurs Windows 11. Sa portée est quand même limitée : combien de gens en ont réellement besoin quand la plupart des applications courantes proposent déjà du sous-titrage en temps réel ? La particularité des ordinateurs Copilot+ est l’ajout d’une traduction en temps réel. De nouveau, cela n’a rien d’un privilège (YouTube, Zoom ou encore Teams la proposent). Dans le cas de notre confrère – et qui vaut aussi pour nous – le seul cas pratique est celui de vidéos BiliBili, qui permettent parfois de découvrir des tests de produits en avant-première. Seulement dans le cas d’une séquence portant sur les Ryzen, Avram Piltch confie qu’il n’a pas eu besoin de comprendre le mandarin pour réaliser que les sous-titres générés, qui évoquaient « la famille Qiqi et le festival Qixi » devant un magnifique Ryzen exposé à l'écran, étaient assez fantaisistes...
Bien sûr, ce n’est que le début des PC IA, et Copilot+ a débarqué moins complet que prévu. Il est probable qu’à terme, davantage de fonctionnalités soient intégrées – dont certaines gérées localement – à commencer par Recall. Mais vous l’aurez compris, pour le moment, celles-ci relèvent surtout du gadget ; ne justifient en rien de se précipiter sur les ordinateurs Qualcomm (pour ces raisons là en tout cas). Ceux intéressés par de tels PC ont donc tout intérêt à attendre la sortie des ordinateurs équipés de Ryzen AI 300 et de Core Lunar Lake : ils auront ainsi un choix plus étoffé, ainsi qu'un écosystème IA bénéficiant d'une meilleure maturité.
Un poil avant ?La plateforme LGA-1851 des Arrow Lake-S s’affiche enfin, sans DDR4 | Un peu plus tard ...La Chine veut garder jalousement ses terres rares |