NVIDIA : plus de dollars, moins de GeForce RTX 40

Il y a une dizaine de jours, des informations transmises par Board Channels révélaient la volonté de NVIDIA de faire place nette avant l’arrivée des GeForce RTX 50 Series ; quitte à ce que certaines références soient dès à présent hors stock, et donc condamnées à le rester ad vitam æternam. À l’occasion de la présentation des résultats financiers du troisième trimestre, Colette Kress, directrice financière de l’entreprise, a confirmé cette réalité ; elle a prévenu que le trimestre en cours ne serait sans doute pas aussi bon que celui écoulé pour la branche gaming, du fait de la pénurie de GeForce.

Ne vous en faites pas, NVIDIA n’a pas stoppé la production de GeForce faute de moyens. Au contraire, l’entreprise se porte très bien. La société a généré un chiffre d'affaires trimestriel de 35 milliards de dollars, en hausse de 94 % sur un an. C’est encore mieux pour le bénéfice net ; il a plus que doublé en glissement annuel : 19,3 milliards de dollars (+ 109 %).

Jensen, toujours dans sa cuisine

L'avenir sera RTX 50

Sans surprise, NVIDIA amasse essentiellement ses précieux deniers grâce aux centres de données. Ceci dit, comme le montre le diagramme ci-dessous, la branche gaming a également généré des revenus en hausse (3,2 milliards de dollars, soit 15 % de plus que la même période l’année dernière).

$NVDA CFO: "Q3 was a great quarter for Gaming with notebook, console, and desktop revenue all growing sequentially and year-on-year....On Gaming, although sell-through was strong in Q3, we expect fourth quarter revenue to decline sequentially due to supply constraints" pic.twitter.com/lzyqmvwNdI

— The Transcript (@TheTranscript_) November 21, 2024

Le message X est accompagné de la déclaration de Colette Kress qui nous intéresse ici : « Le troisième trimestre a été un excellent trimestre pour la branche Gaming, le chiffre d'affaires des ordinateurs portables, des consoles et des ordinateurs de bureau ayant tous augmenté en séquentiel et en glissement annuel... Pour le Gaming, bien que les ventes aient été importantes au troisième trimestre, nous prévoyons que le chiffre d'affaires du quatrième trimestre diminuera en séquentiel en raison de contraintes d'approvisionnement. »

Colette Kress a toutefois tenu à tranquilliser tout le monde : « Ne vous inquiétez pas, je pense que nous serons de nouveau sur la bonne voie avec une offre plus importante au moment où nous entrons dans la nouvelle année civile. Nous allons juste être un peu justes pour ce trimestre ».

Difficile de faire plus explicite : l’offre de GeForce RTX 40 Series va s’étioler progressivement au cours des prochaines semaines, afin qu'elles n’empiètent pas sur le créneau de sortie des GeForce RTX 50 Series. En d’autres termes, si vous espériez acquérir une carte graphique Ada Lovelace bon marché avant l’arrivée de la nouvelle génération, il est très peu probable qu’une baisse de prix se produise. Au contraire, la raréfaction a généralement l’effet inverse, faute d’alternative satisfaisante (bien sûr, rien n’empêche de partir chez la concurrence ; seulement dans la réalité, l’attrait des GeForce n’est pas démenti ; au contraire, les RTX ont plutôt accru leur domination ces derniers mois).

Pour ne pas donner le sentiment d'un réquisitoire, soulignons que quelle que soit l’entreprise, accumuler des stocks est rarement viable. Pardonnez la lapalissade, mais NVIDIA n’a aucun intérêt à remplir des entrepôts de GeForce RTX 40. Au contraire, c’est tout bénef pour elle de diminuer progressivement l’offre de GPU Ada Lovelace afin de maintenir des prix élevés. En outre, en raison de la demande accrue qui provient des secteurs du HPC et de l’IA, il est cohérent que la firme privilégie la production de ces GPU plutôt que de ceux destinés au grand public (le segment des centres de données a représenté 30,7 milliards de dollars au troisième trimestre, soit environ 88 % du chiffre d'affaires total de la société sur la période). Dernier point : jusqu’à preuve du contraire, une carte graphique n’est pas encore considérée comme un bien de première nécessité ; elle ne répond qu’aux lois du marché. Après, libre à chacun de manifester « contre les GPU chers ! ».