TSMC plus fort qu'Intel et Samsung en 2023 |
————— 07 Février 2024 à 18h45 —— 14208 vues
TSMC plus fort qu'Intel et Samsung en 2023 |
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L'année dernière, les revenus de fonderie du taïwanais TSMC ont dépassé à la fois ceux d’Intel et de Samsung, comme le détaille Dan Nystedt dans une série de messages postés sur le réseau social X. L’entreprise taïwanaise a dégagé 69,3 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2023, contre 50,99 milliards pour la division puces de Samsung, et 54,2 milliards pour Intel.
In 2023, TSMC became the world’s biggest #semiconductor maker by revenue, topping Intel and Samsung Electronics for the 1st time.
— Dan Nystedt (@dnystedt) February 4, 2024
2023 Revenue in US dollars
TSMC: $69.30 billion
Intel: $54.23 billion
Samsung (chip division): $50.99 billion
Thread 1/9 $TSM $INTC #Samsung pic.twitter.com/FUqm6xha5O
Tel que nous l’avons expliqué dans notre article titré du silicium au package, l’industrie des semi-conducteurs mêlent trois acteurs principaux. Des entreprises IDM (Integrated Device Manufacturers) comme Intel, Samsung ou SK Hynix, conçoivent et fabriquent des puces. À ces sociétés polyvalentes s’ajoutent logiquement celles qui ne font que l’une ou l’autre de ces deux activités : les groupes dits fabless, à l’image de NVIDIA ou d’AMD, élaborent des puces dont elles délèguent la production à un fondeur. Le plus connu est TSMC, mais citons aussi le fondeur chinois SMIC. Enfin, la plupart des IDM monnayent aussi leur service de fonderie ; c’est le cas de Samsung Foundry ou d’Intel via l’IFS (Intel Foundry Services).
La comparaison faite par Dan Nystedt peut néanmoins induire en erreur. En effet, elle prend en compte le chiffre d’affaires global de 2023 pour TSMC et Intel. Officiellement, ces deux entreprises ont bien annoncé les sommes évoquées au premier paragraphe pour 2023. Dans le cas de Samsung en revanche, le CA de l'année écoulée est bien supérieur à 51 milliards : il s’élève plutôt à 194,3 milliards de dollars. Les revenus globaux de TSMC sont donc loin de dépasser ceux de Samsung pour le moment… Au passage, vous l’aurez remarqué, dans les trois cas, le chiffre d’affaires est inférieur à celui de 2022.
Chez Intel par exemple, la baisse du CA entre 2023 et 2022 est de 14 %. C’est la branche DCAI (Data Center and AI) qui a marqué le plus fort recul en un an, de l’ordre de 20 %. Le CA pour l’année est de 15,5 milliards de dollars. À l’inverse, l’IFS a vu son CA augmenter de 103 % pour atteindre 952 millions de dollars. Le CCG (Client Computing Group), principal pourvoyeur de deniers, a permis d’engrener 29,3 milliards de dollars, un montant en recul de 8 % par rapport à 2022.
Intel a dominé l'industrie des semi-conducteurs depuis le début des années 1990 jusqu’en 2016. L’entreprise a ensuite été rattrapée par Samsung, donc le CA de cette branche est beaucoup impacté par le prix des mémoires 3D NAND et DRAM, tandis qu’Intel se concentre davantage sur les processeurs. Les cartes ont également été rebattues lors de la pandémie de coronavirus, avec une explosion de la demande.
Concernant TSMC, c’est le fondeur le plus avancé technologiquement parlant. D’ailleurs, la baisse plus mesurée du chiffre d’affaires de la firme taïwanaies par rapport à ses concurrents s’explique en partie par cette supériorité : les nœuds de gravure de pointe se monnayent à des prix plus élevés. De fait, même Intel, pourtant longtemps réfractaire à sous-traiter sa production, en a confié une partie à l’entreprise taïwanaise : cette dernière se charge de graver les GPU Alchemist en 6 nm, mais aussi certains tuiles des processeurs Meteor Lake. Les autres clients phares de TSMC sont bien sûr Apple, AMD, ou encore NVIDIA. Pour mémoire, les GPU des GeForce Ada Lovelace sont produits par TSMC en 4 nm, alors que ceux des GeForce Ampere l’étaient par Samsung (en 8 nm).
TSMC Museum of Innovation © TSMC
Nous verrons ce qu’il adviendra par la suite et quel fondeur passera le mieux les obstacles de la miniaturisation sur des nœuds comme le 2 ou 1 nm. En tout cas, Pat Gelsinger, PDG d’Intel, a bien l’intention de remettre la société qu'il dirigie au niveau, notamment par le biais de son IDM 2.0, un plan qui vise à en faire « un fournisseur majeur de services de fonderie aux États-Unis et en Europe » . Pour y parvenir, l’entreprise va notamment construire une Megafab chez nos voisins allemands.
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