Intel et TSMC aux portes du semiconducteur européen, mais avec des intentions différentes |
————— 01 Mai 2021 à 07h49 —— 18890 vues
Intel et TSMC aux portes du semiconducteur européen, mais avec des intentions différentes |
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On avait appris il y a une semaine qu'Intel allait converser avec des responsables européens afin d'aborder le sujet de la pénurie de semiconducteurs et discuter des solutions, le tout dans le cadre de la poursuite d'une nouvelle souveraineté technologique européenne — poussée a priori par Thierry Breton, commissionnaire européen au marché intérieur. La rencontre entre Pat Gelsinger, le PDG d'Intel, et Thierry Breton a bien eu lieu ce vendredi. Le même jour, ce dernier s'était également entretenu avec la présidente de la division Europe de TSMC, Maria Marced. Avant la rencontre, il se disait déjà que Breton avait un fort penchant envers TSMC, par le simple fait que le fondeur taïwanais est internationalement reconnu comme étant le numéro 1 incontesté de l'industrie du semiconducteur, et celui disposant des meilleures technologies de fabrication.
Pour l'anecdote, cette recherche très orientée vers l'extérieur menée par Thierry Breton n'a pas manqué de déconcerter les acteurs locaux du semiconducteur, et pour le coup c'est assez compréhensible. Mais l'Europe explorerait aussi l'option d'une consolidation des acteurs européens et de leurs ressources, pour former une grosse alliance locale du semiconducteur, avec des entreprises comme Infineon, NXP, STMicroelectronics et ASML (mais aussi GlobalFoundries, implanté en Allemagne).
"Bonjour, donnez-moi vos thunes, merci !"
Il y a quelques mois déjà , le bruit courait que l'Europe cherchait à convaincre TSMC de poser ses bagages sur le continent, potentiellement sous la forme d'une usine de dernière génération. Néanmoins, il ne semblerait pas que cela soit dans les intérêts immédiats cotés taïwanais. Ainsi, la ministre de l'Économie taïwanaise, Wang Mei-hua, avait effectivement un peu auparavant tempéré la possibilité d'une usine TSMCienne en Europe, en rappelant que TSMC a déjà maintenu qu'il continuera à concentrer très majoritairement ses technologies de production les plus avancées à domicile. Ce qui n'empêcherait pas une collaboration industrielle plus poussée à l'avenir entre l'UE et Taiwan, certes, mais sans forcément être limitée au seul sujet des semiconducteurs. Le décor était donc donné. Si l'on ne sait pas encore ce qui s'est dit entre Breton et Maria ce vendredi, une fab européenne côté TSMC ne semble donc pas être menu du jour pour l'instant.
Heureusement pour l'Europe, il reste Intel et son nouveau PDG Pat Gelsinger, bien motivé à donner à sa compagnie une deuxième chance de réussir dans le rôle de fondeur pour tous et pour mieux faire face à la féroce concurrence asiatique ! D'ailleurs, des trois gros fondeurs majeurs de l'industrie du semiconducteur, Intel est à ce jour le seul à avoir exprimé un intérêt concret vis-à -vis de l'objectif européen. Bref, comme de coutume, les Américains ont débarqué et d'emblée posé leurs testicules sur la table, avec le message suivant : « on sait que vous voulez doubler votre part (ridicule) de la production mondiale de semiconducteur et atteindre les 20 % au cours de la prochaine décennie, on vous y aidera en échange de 8 milliards de vos dollars européens des subventions publiques. Merci, bye for now ! ». Bon, on imagine bien ce n'est certainement pas de cette manière que Pat avait formulé sa demande, mais le contenu était grosso modo le même.
À la question de « où Intel pourrait-il bien construire sa nouvelle usine », un début de réponse avait aussi été donné le jour d'avant, lors de la rencontre entre Pat Gelsinger et Peter Altmaier, le ministre de l'économie allemand. D'une part, Pat est convaincu qu'une future installation européenne se devra d'être en Europe continentale. De l'autre, il pense que l'Allemagne est une bonne candidate (nul doute qu'une proximité avec les gros constructeurs d'automobiles sera un gros plus, dont il a d'ailleurs visité les QG au passage pendant la semaine), ainsi que le Benelux.
En somme, rien de très concret encore pour l'instant, beaucoup d'idées un peu dans toutes les directions et pas mal d'inévitable blabla. On verra bien ce qu'il finira par en émerger, tôt ou tard. (Source : 1 et 2)
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