Vers où se dirige l'Europe avec sa nouvelle "boussole numérique 2030" ? |
————— 12 Mars 2021 à 09h36 —— 15398 vues
Vers où se dirige l'Europe avec sa nouvelle "boussole numérique 2030" ? |
————— 12 Mars 2021 à 09h36 —— 15398 vues
La position de l'Europe dans l'ère « digitale », enfin numérique (oui, oui, on sait que l'Académie a tranché sur le sujet, mais ce n'est pas comme si tout le monde suivait déjà toutes ses recommandations à la lettre, hein), est un sujet qui revient régulièrement à la une, notamment dans le cas de la production de semiconducteur, mais avec une stratégie naturellement bien plus vaste — du moins en surface. C'est un nouveau document de 27 pages que la Commission européenne a partagé le 9 mars, concernant sa vision pour l'avenir, plus exactement sa « 2030 Digital Compass » traçant le chemin européen pour la décennie du numérique.
D'une part, l'accent est assez clairement mis sur la production de semiconducteurs et de processeurs à partir des dernières technologies, ciblant encore une fois le 2 nm en particulier, avec une ambition chiffrée cette fois-ci d'atteindre au moins les 20 % de parts du marché mondial de la production de semiconducteur.
It is our proposed level of ambition that by 2030 the production of cutting-edge and sustainable semiconductors in Europe including processors is at least 20% of world production in value (meaning manufacturing capacities below 5nm nodes aiming at 2nm and 10 times more energy efficient than today)."
Certains fondeurs déjà installés en Europe ont déjà annoncé des agrandissements, c'est le cas d'Infineon qui compte investir de 1,1 à 2,4 milliards d'euros ces prochaines années dans son fab situé à Dresde, en Allemagne, incluant potentiellement une expansion pour la fabrication sur wafer 300 mm. Bien entendu, il en faudra bien plus pour espérer rester dans la course et lutter contre les géants asiatiques. Ainsi, Infineon espère une subvention d'au moins 25 % dans le cadre du programme européen des « Important Projects of Common European Interest » (une demande a été déposée par Infineon Dresden), et Globalfoundries n'en attendrait pas moins de 33 %. Cependant, des rumeurs ont déjà circulé que même TSMC ou Samsung pourraient considérer s'installer en Europe si l'offre de subvention est suffisamment intéressante.
Outre l'aspect production, l'Europe veut également assurer son leadership dans le domaine de l'informatique quantique, avec la construction des premières machines d'ici 2025. Un objectif bien ambitieux, au moins autant que d'espérer revenir à la pointe de la production de semiconducteur, considérant que le domaine en est encore qu'à ses débuts et que personne n'est vraiment déjà en mesure de prédire dans quelle direction les choses vont évoluer.
Néanmoins, le fameux document n'en reste pas moins un peu superficiel et général, et ne fait qu'effleurer certaines problématiques, sans annoncer aucune innovation sérieuse ni de projet à très long terme, mais établissant surtout des ambitions, l'échéance de 2030 n'étant finalement pas bien éloignée. Entre autres sujets plus généraux, se trouve celui de la connexion gigabit domestique et de la 5G. Pour le premier, il s'agit d'en équiper tous les foyers européens d'ici 2030 (on rappelle que la France s'est engagé pour un territoire 100 % fibré d'ici 2025), et pour le second, toutes les zones peuplées devront avoir un accès 5G d'ici 2030 également.
À ce jour, l'Europe en est à un taux de couverture en réseau gigabit de 59 %. En théorie, ceci peut donc faire penser que ces deux objectifs pourrait être atteints bien avant l'échéance, dès lors que les efforts et les investissements sont effectivement bien placés et correctement effectués. Enfin, le papier établit aussi que 80 % de la population devrait avoir un minimum de compétence en informatique (les bases, quoi) d'ici 9 ans et que le nombre d'employés dans le domaine des technologies de l'information et de la communication devrait doubler à 20 millions, comme le nombre de startups touchant aux domaines du cloud computing, de la big data ou de l'intelligence artificielle — tous des domaines déjà assez indispensables.
Bien entendu, pour y arriver, bon nombre de mesures doivent encore être proposées, acceptées, puis implémentées. Un grand projet qui sera financé avec une part d'au moins 20 % des 675,5 milliards d'euros du plan de relance européen (Recovery and Resilience Facility) introduit dans la foulée de la crise du coronavirus, soit environ 135 milliards d'euros. Accessoirement, la Commission européenne produira un rapport annuel nommé « European State of the Digital Decade Report » pour le Conseil et le Parlement Européen, afin de faire le point sur le progrès et la réalisation de la vision 2030. Allez, zou, au travail ! (Source)
Un poil avant ?Choix du mot de passe : les très grosses entreprises font-elles mieux que le reste ? | Un peu plus tard ...Bon plan • Metro 2033 offert sur Steam |