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Gare au SMR incognito chez les constructeurs de disques durs ?

La polémique avait décollé la semaine dernière chez Western Digital avec la découverte de l’usage de la technologie SMR pour certains modèles de disque dur au sein d’une même gamme, mais sans être spécifiée d’une manière ou d’une autre sur les fiches techniques ou les documents marketing. En fin de compte, il s’est rapidement avéré que WD n’est pas seul dans le mauvais coup, puisque la pratique trompeuse en sous-marin a aussi été confirmée chez Seagate et Toshiba, y compris dans des disques durs destinés au grand public.

 

Le drame découle tout d’abord du fait que la technologie SMR — Shingled Magnetic Recording — est de loin la plus lente des 3 méthodes (avec Perpendicular Magnetic Recording et Conventional Magnetic Recording) encore les plus courantes. Elle est notamment réputée pour souffrir de performances particulièrement faibles en écriture aléatoire et en réécriture, et par conséquent n’est pas du tout recommandable pour un PC du quotidien. En pratique, un disque dur SMR se destine surtout aux usages WORM (write-once-read-many), par exemple pour le stockage à froid et l’archivage dans un NAS, les tâches de lecture intensives n’étant pas tellement affectées par le fonctionnement du SMR.  

Néanmoins, les supports SMR, outre des performances réduites, peuvent également souffrir de problèmes de compatibilités, particulièrement dans les configurations RAID et avec un système de fichiers ZFS. À ce propos, les constructeurs recommandent aussi de ne pas mélanger les types de disques durs, par exemple SMR et PMR, au sein d’un même système. C’est sympa, mais encore faudrait-il clairement spécifier la technologie utilisée pour chacun d’entre eux et permettre à l’utilisateur de les distinguer, non ?

 

Pour la petite histoire, le SMR avait été introduit comme un bon compromis pour augmenter sensiblement la densité de stockage d’un disque d’une même taille, réduire les coûts de fabrication et proposer des prix moins élevés, néanmoins avec toutes les contreparties que l’on vient de mentionner. En soi, rien de très dramatique tant que l’on achète en connaissance de cause.

 

seagate smr

 

Le hic, c’est donc que des disques durs SMR se sont incrustés silencieusement dans des gammes comportant déjà une majorité de modèles standards en CMR, bien plus rapides. Chez WD, des références SMR ont ainsi été découvertes incognito dans la série WD Red dédiée au NAS, sous la forme de variantes pour toutes les capacités entre 6 To et 2 To. Plusieurs utilisateurs de NAS n’auraient pas tardé à faire le lien avec leurs soucis de compatibilités en RAID ou leur système de fichiers ZFS. Interrogée à ce sujet, la compagnie a confirmé la nature des disques, mais n’a pas (encore ?) mis à jour les fiches produits correspondantes.

 

All our WD Red drives are designed meet or exceed the performance requirements and specifications for common small business/home NAS workloads. We work closely with major NAS providers to ensure WD Red HDDs (and SSDs) at all capacities have broad compatibility with host systems. Currently, Western Digital’s WD Red 2 TB-6TB drives are device-managed SMR (DMSMR). WD Red 8 TB-14TB are CMR-based.” – WD. 

 

WD n’est toutefois pas seul, chez Seagate, on trouvera au moins 2 modèles Barracuda et 1 modèle Desktop HDD dont la technologie SMR n’est mentionnée nulle part. Après avoir été interrogé à son tour, le constructeur a bien confirmé la technologie utilisée pour ces références. Une omission d’autant plus curieuse que le constructeur spécifie bien l’usage de la technologie SMR pour plusieurs de ses références Exos et Archive V2. Faut-il en conclure qu’elle est délibérée ? Qui sait, Seagate craint certainement plus les foudres d’une entreprise qui se sentirait trompée et mal informée, que celles d’un consommateur lambda.

De son côté, Toshiba a également confirmé — sur demande, toujours — la chose pour plusieurs de ses modèles, à savoir les modèles 4 To et 6 To de la série P300 (génération DT02), les MQ04 2,5" 1 et 2 To pour mobile, et plusieurs modèles L200. Encore une fois, aucune fiche technique ou page produit ne fait jamais mention de la technologie SMR, tandis que le marketing — toujours pied sur terre — n’hésite que rarement à vanter « de hautes performances » — ceci vaut pour Toshiba, mais aussi les autres, naturellement.

 

Bref, si votre NAS fait des siennes avec des disques durs pourtant flambants neufs, vous savez maintenant peut-être pourquoi, idem si votre PC semble un peu traîner des pattes. Ça ne veut pas dire que les disques durs SMR sont systématiquement bons à rien, si ce n’est qu’ils sont uniquement adaptés à des usages restreints et bien spécifiques, mais maintenant encore faut-il pouvoir les identifier avant l'achat… Visiblement, ce n'est pas sur les trois constructeurs - qui n'en ratent jamais une pour se faire remarquer et l'un ne rattrapera jamais l'autre -  qu'il faut compter pour y aider.

 

logo toshiba seagate wd

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