Les CPU AMD licenciés aux chinois sont loin d'être identiques aux versions maison |
————— 28 Février 2020 à 19h42 —— 26750 vues
Les CPU AMD licenciés aux chinois sont loin d'être identiques aux versions maison |
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Alors qu’Intel et AMD se battent corps et âme à kiki-a-la-plus-grosse, avec un clair avantage rouge pour ce début 2020, le vainqueur ne doit pas la coupe au hasard. En effet, lancer un projet aussi ambitieux — une nouvelle micro-architecture majeure adaptée aux serveurs comme aux particuliers — a pompé une quantité phénoménale d’argent, à tel point que la firme a fait face à ses limites en matière de liquidités. Or, simultanément, la Chine cherchait un moyen d’obtenir des designs de CPU « maison », avec un juteux contrat à la clef : ainsi sont nés les CPU Dhyana de la marque Hygon, via un complexe montage permettant à AMD de garder le contrôle sur le design tout en délégant la production localement, sans divulguer trop de secrets professionnels. Cela n’a pas dû être suffisant (ou pas du goût de Trump), car le contrat ne sera en fin de compte pas renouvelé, au plus grand bonheur des plus complotistes.
L’enveloppe orange des Threadripper est habituellement bleue pour les CPU EPYC première génération, et verte pour les secondes générations. Ici, il s’agira de rouge !
Via le noyau Linux, nous savions déjà qu’il ne s’agissait pas d’un simple renommage : toute la partie de chiffrement permettant l’exécution sécurisée de code a été modifiée pour utiliser des algorithmes différents. De là à dire « plus faibles », il n’y a qu’un pas... Mais ce n’est pas tout : certaines instructions sont également environ deux fois plus lentes, sans aucune explication autre qu’une volonté propre de l’entreprise conceptrice, particulièrement celles de calcul flottant. Bien évidemment, ces premières sont cruciales dans bon nombre d’applications... dont la cryptographie, justement. De même, la génération de nombre aléatoire est plus lente et de moins bonne qualité, et les calculs concernant le chiffrement AES ne sont tout simplement plus accélérés en hardware. La loose, comme diraient les plus jeunes !
Voilà une Dhyana qui ne vous laissera pas tomber, elle !
Niveau performances, vous vous doutez ainsi que ce n’est pas la panacée. Pour une configuration constituée de deux CPU à 32 cœurs, le débit AES est plus lent qu’un Ryzen 3 1200 à 4 cœurs du commerce. Voilà qui fait mal, sans parler de la version 8 cœurs qui crache ses tripes pour essayer de fournir un résultat convenable, et ne s’en sort pas si mal avec plus de 66 % du débit de son (gros) aîné. Pour d’autres tâches comme le Ray Tracing sur CPU ou la simulation physique, le ralentissement est par contre loin d’être aussi faible. Du fait de l’absence de port PCIe, aucun jeu n’a pu être testé, et les fréquences ne peuvent pas non plus être bidouillées, un grand dommage pour ces versions qui, du fait de latences relâchées, auraient peut-être pu intéresser les surcadenceurs. Tant pis !