Le Macintosh a 40 ans, mais il n’est sûrement pas prêt de prendre sa retraite |
————— 26 Janvier 2024 à 11h11 —— 29037 vues
Le Macintosh a 40 ans, mais il n’est sûrement pas prêt de prendre sa retraite |
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Dans la lignée de Windows qui a eu 40 balais en novembre dernier, c’est au tour du Macintosh d’avoir soufflé ses 40 pommes d’amour hier, le 24 janvier 2024. C’est en effet ce même jour, mais en 1984, que Steve Jobs présentait la machine. Sa particularité : son interface graphique et une navigation effectuée à l’aide d’une souris.
À une roue de s’appeler bicyclette ! Pour l’anecdote, Rod Holt avait un autre nom en tête pour le Macintosh : il souhaitait l’appeler Bicycle, estimant que la machine était au raisonnement ce que la bicyclette est à la mobilité ; en d’autres termes, il voyait les ordinateurs personnels comme des bicyclettes pour l'esprit — à moins qu'ils aient trop écouté Queen depuis 1978. Quant à Macintosh, le terme désigne initialement une variété de pommes.
Deux jours avant la présentation, Apple s’offrait la vitrine du Super Bowl et les services de Riddley Scott. La marque avait invité le réalisateur à réaliser un spot titré 1984 – référence au roman dystopique de George Orwell publié en 1949. La séquence met en scène un athlète (la personnification du Macintosh), libérant la société de Big Brother (référence à IBM). Elle se termine par l’allégation :
Le 24 janvier 1984, Apple Computer lancera le Macintosh. Et vous comprendrez alors pourquoi 1984 ne ressemblera pas à 1984.
Chacun jugera du degré d’ironie de cette allégorie en 2024. Dans tous les cas, après l'échec cuisant de Lisa un an plutôt - en partie à cause de son prix de vente avoisinant les 10 000 dollars - le succès du MacIntosh n'était pas garanti.
Une première machine qui coûtait déjà l’équivalent de plusieurs tonnes de pommes à l’époque
Comme le renseigne le communiqué de presse de l’époque, le Macintosh premier du nom, rebaptisé plus tard Macintosh 128K (lors de la sortie du modèle avec 512 Ko de mémoire vive) coûtait 2 495 dollars à l’époque ; en prenant en compte l’inflation, cela équivaut à ... 7 317 dollars aujourd’hui selon le site US Inflation Calculator.
Il embarque un processeur Motorola 68000, un monstre capable d’atteindre, accrochez-vous, une fréquence de 8 MHz. La puce collabore avec 128 Ko de mémoire vive. Quant au disque de stockage interne, il n’y en a pas ; le système est amorcé à partir d’une disquette de 400 Ko. Enfin, l’écran CRT de 9 pouces affiche une définition de 512 x 342 pixels.
Les années suivantes ont vu débarquer bon nombre de modèles (plus de 400 jusqu’à aujourd’hui), du Macintosh Plus au MacBook en 2006, l'une des concrétisations de l'abandon des processeurs PowerPC au profit de ceux d'Intel, en passant par le PowerBook. Avec sa coque transparente et son châssis bleu Bondi (initialement) l’iMac G3, lancé en 1998, fut aussi un important succès commercial pour la marque.
L'histoire d'Apple comprend aussi de nombreux flops : le MacIntosh TV en 1993, ou encore Pippin, une console de jeux vidéo, lancée en 1996... mais abandonné dès l’année suivante.
Concernant les Mac, une page importante a été tournée en 2020 avec le boycott des processeurs Intel, progressivement remplacés par les puces maison Apple Silicon.
Un choix qui a été légitimé à l’époque par la stagnation d’Intel, avec des générations de Core qui avaient bien du mal à se renouveler, mais qui a aussi été rendu possible par le partenariat de plus en plus étroit qui lie Apple au fondeur TSMC. La marque à la pomme a ainsi eu droit à la primeur pour le 3 nm, un nœud de gravure auquel ses équipes ont d’ailleurs contribué au développement. Le catalogue des MX comprend désormais trois générations (M1, M2, M3), souvent avec différentes déclinaisons (Pro, Max, Ultra).
Souvent immités les Macs, et parfois avec succès
L’une des critiques souvent adressée à Apple a trait aux tarifs. Encore aujourd’hui, un Mac Pro au format tour coûte la bagatelle de 8 299,99 euros, minimum. Bien que les Mac Pro toutes options à plus de 60 000 euros appartiennent au passé, un modèle M2 Ultra peut faire grimper la facture à plus de 15 000 euros. Or, si le surcoût paraît légitime pour certains composants, il parait l'être beaucoup moins pour d'autre : qu'un châssis à roulettes plutôt qu’à pieds alourdisse la facture de 500 euros nous surprend toujours. Enfin, même l’entrée de gamme, à l’image d’un MacBook Air, coûte tout de même au moins 1 299 euros.
À l’inverse, la fiabilité des Mac par rapport aux machines Windows, tant sur le plan logiciel que matériel, est souvent l’argument mis en avant par les groupies de la marque. Il est vrai que globalement, les Mac sont rarement pris à défaut. Seulement cette caractéristique s’explique facilement. Pour l’aspect matériel, Apple a la main sur toutes les machines, l’entreprise choisit donc les composants qu’elle souhaite. Du côté des PC Windows en revanche, il y a une multitude de fournisseurs, pour des qualités forcément très hétérogènes. Seulement la qualité se trouve aussi chez les PC Windows, d’autant plus pour le client prêt à y mettre le budget.
Un raisonnement similaire s’applique pour le système d’exploitation. Un écosystème fermé comme l’est celui d’Apple avec macOS, iOS, tvOS et visionOS est par nature bien moins exposé qu’un modèle plus ouvert comme celui de Microsoft ; avec les avantages et les inconvénients inhérents à chacune de ces approches.
De fait, malgré les velléités d’Apple en la matière, le gaming reste l’apanage de Windows (voire de SteamOS grâce au Steam Deck). Le lancement de la M1 en novembre 2020, et à plus forte raison de puces plus récentes délivrant des performances GPU plutôt solides, devait marquer un tournant. Des progrès ont bien été accomplis : évoquons le Game Mode de macOS Sonoma présenté à la WWDC 2023, la boîte à outils adressée aux développeurs de jeux qui facilite la transposition sous l'API Metal d'Apple, ou encore l’ouverture à des services de cloud gaming tels que le GeForce Now.
Néanmoins, malgré ces efforts et l’arrivée de quelques jeux phares comme Death Stranding, Baldur’s Gate III ou Lies of P, personne ne conseillerait à un joueur d’opter pour un Mac aujourd’hui. L’illustration la plus criante de cela est sans doute l’abandon de la version Mac de Counter-Strike 2, l’un des titres PC les plus joués au monde. Un choix justifié par Valve par la présence de moins d’un pour cent de joueurs sur cette plateforme.
De nos jours, les Mac ne sont plus les produits phares d’Apple, en tout cas pour l'aspect financier. La marque à la pomme doit désormais une grande partie de sa popularité (et de son CA) à ses smartphones. Le premier iPhone lancé en janvier 2007 a conduit jusqu’à la série des iPhone 15 présentée l’année dernière. Ces smartphones, dont la réputation n’est plus à démontrer, ont généré 52 % des 383,2 milliards de dollars de revenus d’Apple en 2023 (la seconde contribution étant celle des Services, avec 22 %).
Enfin, en 2024, un produit inédit pour lequel l’entreprise a beaucoup d’ambition, l’Apple Vision Pro, le premier casque VR de la marque à la pomme croquée, s’apprête à envahir le marché ; le dispositif sera commercialisé à partir du 2 février aux États-Unis.
Un design souvent iconique chez Apple, même pour râper le fromage
Nous nous garderons bien d’envisager le futur des Mac pour les quatre prochaines décennies ; mais il serait hasardeux de parier sur leur disparition. Si smartphones et tablettes sont plébiscités par les jeunes générations, au point que bon nombre d’adolescents en deviennent malhabiles avec les ordinateurs (Windows comme Apple) à en croire certaines études, au sein de nos sociétés, ces systèmes, qu’ils soient fixes ou mobiles, restent les principaux outils de productivité de beaucoup de secteurs. Bon, étant donné la vitesse à laquelle évoluent nos sociétés, qui sait ce qu'il en sera dans 40 ans...
Quoi qu’il en soit, au-delà de la guéguerre PC / Mac, personne ne pourra nier l’apport d’Apple en matière d’innovation sur ce marché. Et il peut probable que cette doctrine change radicalement, au moins au cours des prochaines années. Et vous, disposés à conjecturer l’avenir des Mac jusqu’en 2064 ?
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