Le patron de Nvidia pas tendre avec la Radeon Seven et FreeSync |
————— 11 Janvier 2019 à 08h00 —— 25928 vues
Le patron de Nvidia pas tendre avec la Radeon Seven et FreeSync |
————— 11 Janvier 2019 à 08h00 —— 25928 vues
En général, dans le milieu, on évite de dire du mal du voisin, c’est pas très bien vu. Mais pourtant, le patron du caméléon a réagi au lancement de la Radeon VII et n'a pas été tendre. Si sa démarche est discutable, le fond est moins polémique si on suit avec rigueur les technologies des GPU et de ce qui gravite autour comme les écrans en dehors de tout contexte affectif. Ce dernier est un écran de fumée qui empêche toute analyse factuelle. Pour commencer, on va rappeler que la Radeon VII comprend 60 CU soit 3840 unités de calcul pour des fréquences GPU de l'ordre de 1.8 GHz, ce qui ne doit pas être bien loin de la limite de Vega en 7nm. Derrière, l'augmentation de densité des transistors liée au process a permis à AMD d'ajouter des niveaux de précision supplémentaires utiles dans un cadre professionnel (FP64 / INT4, etc.) et doubler le nombre de ROP tout en réduisant la taille du die par rapport à Vega 10. Ce point est important, car il permet cette fois de placer 4 piles HBM 2 sur un même interposer sans avoir recourt au multi-passe, beaucoup plus onéreux (ce que fait NVIDIA pour ses GP100/GV100). De quoi doubler la capacité et bande passante mémoire, à respectivement 16 Go et 1 To/s. Ces progrès (fillrate et bp mem) seront utiles pour les hautes définitions. S'il y a du mieux ce n'est pas pour autant méga fifou avec d'après AMD plus 30% par rapport à la Vega64 malgré l'utilisation du 7nm, alors que le caméléon parvient à mieux à iso process ou presque (au prix toutefois d'une grosse inflation de la taille de ses GPU).
Et c'est là le fond de la polémique soulevée par Jensen. Il commence par un terme, décevant :
It’s underwhelming
Premier jab au corps, qui appelle un jab à la tête :
The performance is lousy and there’s nothing new, no ray tracing, no AI. It’s 7nm with HBM memory that barely keeps up with a 2080. And if we turn on DLSS we’ll crush it. And if we turn on ray tracing we’ll crush it
Si on traduit, il dit que les performances sont moches, rien de nouveau, pas de Raytracing. Il insiste en rappelant que c’est du 7nm avec de la HBM qui permet de concurrencer péniblement la RTX 2080. En gros tout ça pour ça. L'activation de DLSS et/ou RT conduit au fait que sa carte écraserait la solution AMD. Voilà le contenu en gros. Certes les Radeon à base de puces Vega 10 ne sont pas des monstres en gaming compte-tenu de la débauche de technologies nécessaires pour parvenir à obtenir ce résultat, mais en GPU Computing il existe un environnement où elles s'expriment et le font très bien. AMD encore n'est pas prêt à ouvrir ses solutions au RayTracing pour le segment mainstream, mais il y parviendra un jour.
Mais un joueur n'a cure des perfs en GPU Computing de sa carte, ce qu'il veut c’est pousser les détails sans souffrir de chutes de framerate indélicates. Néanmoins on ne peut pas saluer l'audace technologique de Nvidia avec ses Turing au même titre que la Radon VII qui se définit comme un die shrink amélioré de Vega 10 en 7nm. Sur ce point, on sent bien qu'AMD subit encore GCN, et ne parvient pas à proposer mieux aujourd'hui. Navi a disparu des radars alors qu'il était pressenti pour début 2018 selon la roadmap AMD dévoilée lors de la conférence Capsaicin en mars 2016. La conférence d'avant-hier donc n'a pas rassuré sur l'état de santé GPU d'AMD, bien au contraire le sentiment d'impuissance et de retard qu'on avait déjà ressenti lors du lancement de Vega 10 face à Pascal s'amplifie avec Vega 20.
Jensen du coup pense qu'une carte qui a le même MSRP que la RTX 2080 (hors FE plus chère de 100$) et qui devrait a priori finir (légèrement) derrière en performance, sans audace technologique, est un loupé. D'un autre côté s'il ne fallait pas s'attendre à l'entendre dire que le concurrent fait un truc génial, on ne peut pas également accuser Nvidia de vendre ses RTX 2080 trop cher tout en tentant des avancées techniques et féliciter AMD de l'autre qui propose une carte concurrente directe au même prix sans innovation autre que le node 7nm (qui n'est pas de son fait mais de TSMC). Node qui sera d'ailleurs aussi un passage obligé pour le caméléon et l'occasion de creuser encore plus un trou, si d'ici là AMD n'a pas lancé une nouvelle carte/architecture. Il n'en reste pas moins que la RADEON VII est la carte 3D grand public la plus puissante produite par AMD et elle aura des choses à dire et une clientèle pour elle, surtout que le rouge possède un environnement logiciel avec le Radeon Software, qui fait la leçon au tout vieux panneau de configuration Nvidia. Un oubli de Nvidia qui pourtant compte pour nombre de clients potentiels.
Loin de se laisser faire, Lisa Su a réagi à ces propos avec le calme et le flegme qui lui sont propres, en disant que si Nvidia dit cela, c’est qu'ils n'ont pas testé la Radeon VII. C'est une manière classe de ne pas en rajouter, elle est bien consciente que ce faux débat ne sera bon pour personne, et elle a sûrement bien d'autres chats à fouetter.
Autre angle d'attaque pour Nvidia en aparté du CES, le FreeSync. Selon Jensen, ça ne marche pas, et c'est la raison pour laquelle il n'a trouvé que 12 moniteurs sur 400 qui fonctionnaient. Il précise même que ça ne marche pas non plus avec des Radeon. Sur ce point, on peut penser qu'il fait allusion au binz que représente le marché des écrans FreeSync, et surtout le double problème du taux de rafraîchissement bas inadapté à 48 Hz, et de la non prise en charge de la LFC systématiquement. Difficile de lui donner tort dans la mesure où AMD ne s'est réellement penché sur le sujet que très tard en harmonisant enfin la LFC sur la norme FreeSync 2 auprès des partenaires d'écrans (en sus du HDR400). Il est vrai que lorsqu'on a un écran FreeSync sans LFC (ce qui représente la très grosse majorité des écrans à bas prix Adaptive Sync) avec une plage de 48 à 60 Hz, FreeSync se retrouve avec une plage d'utilisation extrêmement faible et réduit d'autant son utilité, d'autant que sans LFC, dès qu'on passe sous 48 images par secondes, eh bien ça saccade sévère. S'il exagère son propos et généralise trop, Jensen Huang sur le fond a raison, AMD le sait et a corrigé avec FreeSync 2.
On notera toutefois que techniquement FreeSync peut débuter dès 9 Hz, mais la raison pour laquelle les constructeurs le font débuter à 48 Hz dans 99% des cas est une question de prix vis-à-vis des performances des dalles : cela permet à certains fabricants d'écrans de faire de l'argent facile avec le simple logo FreeSync, sans apporter d'un autre côté tout le confort que l'on est en droit d'attendre du rafraîchissement variable. Une dalle qui débute à 30Hz coûte plus cher qu'une qui débute à 48Hz, les partenaires d'AMD ont donc abusé de la situation du non contrôle pour inonder le marché avec des dalles à bas prix mais aussi à basses caractéristiques. Il faut reconnaître à Nvidia d'une part la primeur de l'adaptation à l'usage gaming de cette fonctionnalité, et d'autre part d'avoir su contrôler la qualité des moniteurs (avec en contrepartie des tarifs plus élevés) qui, une fois estampillés G-Sync, offrent un support de la technologie identique quelle que soit la marque. AMD n'a pas su/pu faire cela et c’est probablement une des raisons pour lesquelles Nvidia trouve si peu d'écrans Adaptive Sync dignes de ce nom.
Pour conclure, AMD s'est lancé dans l'aventure FreeSync sans y être préparé car il n'a pas vu venir G-Sync, il a donc du réagir dans l'urgence sans avoir une vue précise de tous les tenants et aboutissements (plage de fréquences, LFC) et paye ce point par un marché d'écrans très large avec une prise en charge de la technologie plus ou moins bonne. Le prix étant attractif, il a attiré de nombreux joueurs, inconscients que la LFC était capitale pour la bonne marche du FreeSync. AMD a toutefois appris du lancement initial et FreeSync 2 et corrige toutes les dérives du marché FreeSync, ça par contre c’est très positif et il fallait le faire.
Le patron de Nvidia a donc lâché les piques, déontologiquement ce n'est pas fair play dans la mesure où son concurrent est en souffrance sur les GPU, et où il applique des prix prohibitifs, mais les affaires ne sont pas le monde des bisounours. Apparemment AMD s'en inspire (du tarif pas des bisounours) avec sa Radeon VII dont on espère un test dans nos colonnes, car elle reste une carte tout à fait intéressante ne serait-ce pour ses perfs attendues en haute définition. On va suivre ça de près ! (Source des citations PCWorld)
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