NVIDIA a hâte que Joe Biden s'en aille ; il est néfaste pour son business |
————— 14 Janvier 2025 à 18h51 —— 2485 vues
NVIDIA a hâte que Joe Biden s'en aille ; il est néfaste pour son business |
————— 14 Janvier 2025 à 18h51 —— 2485 vues
D’ici peu, Joe Biden va céder sa place à Donald Trump. En attendant, le 46e président des États-Unis s’empresse de mettre à profit les quelques heures qui lui restent en tant « qu’homme le plus puissant du monde ». Il a notamment prévu de nouvelles mesures visant à « garantir la sécurité et la puissance économique des États-Unis à l'ère de l'intelligence artificielle ».
© Mediapart
Hier, l’administration Biden-Harris a publié ce qu’elle qualifie de Interim Final Rule on Artificial Intelligence Diffusion. Le communiqué de la Maison Blanche stipule qu’entre « de mauvaises mains, les systèmes d'IA puissants peuvent exacerber des risques importants pour la sécurité nationale, notamment en permettant le développement d'armes de destruction massive, en soutenant de puissantes cyberopérations offensives et en favorisant les violations des droits de l'homme, telles que la surveillance de masse ». Brrr, ça fait peur !
En conséquence, afin de « renforcer la sécurité nationale et la puissance économique des États-Unis, il est essentiel que nous ne délocalisions pas cette technologie essentielle et que l'IA mondiale fonctionne sur des rails américains ». Le document établit ainsi « une règle simplifiant les formalités d'autorisation pour les commandes de puces, petites ou grandes, [qui] renforce la position dominante des États-Unis en matière d'intelligence artificielle et explique clairement aux pays alliés et partenaires comment ils peuvent tirer parti de l'intelligence artificielle ». Dans les grandes lignes, cette règle ne définit « aucune restriction aux ventes de puces à 18 alliés et partenaires clés » (dont la France, ouf !) mais renforce les restrictions envers tous les autres pays considérés comme moins fréquentables (ou moins serviles, si vous préférez).
Une initiative pas tout, mais alors vraiment pas, au goût de NVIDIA. L'entreprise l’a fait savoir dans un communiqué rédigé par Ned Finkle, son vice-président des affaires gouvernementales. Celui-ci accuse carrément Biden de mettre en péril les progrès mondiaux en matière d'IA et d'affaiblir l'Amérique (brrr x2, ça fait doublement peur !) :
Dans les derniers jours de son mandat, l'administration Biden cherche à saper le leadership de l'Amérique avec un ensemble de réglementations de plus de 200 pages, rédigées en secret et sans examen législatif approprié. Ce vaste projet imposerait un contrôle bureaucratique sur la manière dont les semi-conducteurs, les ordinateurs, les systèmes et même les logiciels américains de pointe sont conçus et commercialisés dans le monde entier. En tentant de truquer les résultats du marché et d'étouffer la concurrence — le moteur de l'innovation — la nouvelle règle de l'administration Biden menace de dilapider l'avantage technologique durement acquis par les États-Unis.
Sous le couvert d'une mesure « anti-Chine », ces règles ne contribueraient en rien à renforcer la sécurité des États-Unis. Les nouvelles règles contrôleraient la technologie dans le monde entier, y compris une technologie qui est déjà largement disponible dans les PC de jeu et le matériel de consommation courante. Plutôt que d'atténuer une quelconque menace, les nouvelles règles de M. Biden ne feraient qu'affaiblir la compétitivité mondiale des États-Unis, en sapant l'innovation qui leur a permis de conserver une longueur d'avance.
Bien que la règle ne soit pas applicable avant 120 jours, elle porte déjà atteinte aux intérêts américains. Comme l'a démontré la première administration Trump, l'Amérique gagne grâce à l'innovation, à la concurrence et au partage de ses technologies avec le monde entier — et non en se retranchant derrière un mur d'ingérence gouvernementale.
Nous attendons avec impatience un retour à des politiques qui renforcent le leadership américain, soutiennent notre économie et préservent notre avantage concurrentiel en matière d'IA et au-delà. »
Une diatribe assumée contre l'administration Biden donc, suivie d'un appel du pied à Donald Trump. Nous adhérons particulièrement à cette grande idée d'une « Amérique [qui] gagne [uniquement] grâce à l'innovation et la concurrence », ce, en dehors de toute « ingérence gouvernementale ». C'est effectivement l'image d'épinal de tout un chacun pour le pays de l'Oncle Sam ; de cet État si bienveillant et débonnaire, virginal de la moindre immixtion durant toute sa riche, mais toujours pacifique, histoire moderne. Quant à ce Donald Trump magnanime et apparemment grand défenseur de la libre concurrence, il apparaît donc comme l'instigateur innocent des taxes douanières, ou même de la chute de Huawei — vous vous souvenez, cette société chinoise qui s'est retrouvée dans l'incapacité de faire fabriquer ses puces du jour au lendemain à cause de l’excellence de celles-ci, dans une version revisitée du mythe d'Icare, où ce n'était pas une histoire d'ailes brûlées par le soleil, mais plutôt d'ombre projetée sur d'autres — situés sur la rive opposée du Pacifique —, distordant ainsi un prisme du monde que certains rêvent immuable.
Au moins, concédons à NVIDIA qu'elle n’est pas rancunière ; en juillet, des observateurs plus avisés que nous sur cette matière ont attribué une chute passagère de sa capitalisation boursière à des déclarations de Trump invitant Taïwan à « payer pour sa défense ».
Enfin, rendons à César ce qui lui appartient : notre sous-titre est pompé sur une vidéo de France Culture intitulée Après Musk et Bezos, Zuckerberg : le virage pro-Trump de la tech américaine. Au besoin, vous la trouverez facilement en podcast ou sur la chaîne YouTube officielle de FC (en accès libre).
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