La Commission Européenne démarre officiellement son enquête de 90 jours pour la fusion NVIDIA-Arm |
————— 29 Octobre 2021 à 06h58 —— 14600 vues
La Commission Européenne démarre officiellement son enquête de 90 jours pour la fusion NVIDIA-Arm |
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Une décision très prévisible vu la nature de la transaction concernée, sa portée, le nombre de zéro et l'importance du travail d'Arm pour le marché mondial du semiconducteur, qui touche virtuellement tout le monde et toute la planète. La Commission européenne va donc désormais passer les prochains mois à étudier la fusion d'encore plus près, notamment pour déterminer la légitimité des inquiétudes d'une atteinte potentielle à la concurrence, et s'il faut donc apporter des changements aux conditions d'exécution de la fusion, voire tout simplement empêcher sa réalisation. Une enquête qui sera un peu différente des autres pour ce type d'affaires, NVIDIA n'étant pas un concurrent d'Arm, ce n'est pas une fusion concurrentielle typique, il s'agira donc d'identifier toutes les conséquences potentilles en aval de la chaine d'approvisionnement.
Semiconductors are everywhere in products and devices that we use everyday as well as in infrastructure such as datacentres. Whilst Arm and NVIDIA do not directly compete, Arm's IP is an important input in products competing with those of NVIDIA, for example in datacentres, automotive and in Internet of Things. Our analysis shows that the acquisition of Arm by NVIDIA could lead to restricted or degraded access to Arm's IP, with distortive effects in many markets where semiconductors are used. Our investigation aims to ensure that companies active in Europe continue having effective access to the technology that is necessary to produce state-of-the-art semiconductor products at competitive prices." - vice-présidente excévutive, Margrethe Vestager.
D'une part, la CE s'inquiète principalement du fait qu'Arm est simultanément un fournisseur de NVIDIA et de ses concurrents, soulevant le risque son acquéreur pourrait par la suite être tenté de limiter ou rendre plus difficile leur accès aux brevets d'Arm, qui couvrent tout de même une très vaste quantité d'appareils et de domaines d'applications différents. En sus, la CE cherchera aussi à déterminer si NVIDIA pourrait éventuellement contraindre Arm à faire ce dont son nouveau propriétaire aura le plus besoin la priorité de son travail de recherche et conception, au détriment bien entendu de ce qui est utile pour les autres clients d'Arm, mais ne servirait pas particulièrement à NVIDIA. Après tout, c'est vrai qu'on voit assez mal une entreprise dépenser autant d'argent dans une acquisition pour servir ses concurrents directs... Il faudra bien récupérer cette somme d'une manière ou d'une autre, reste à voir par quel moyen NVIDIA comptera le faire. En tout cas, l'historique de l'entreprise n'encourage pas vraiment un optimisme naïf...
La CE a 90 jours (ouvrés et hors vacances parlementaires, faudrait pas déconner non plus) pour faire son travail, en sachant qu'elle pourra donc publier sa décision au plus tard le 15 mars 2022. Même en cas d'accord, il semble donc peu probable que NVIDIA sera en mesure de conclure la fusion en mars comme le prévoyait le délai initial de 18 mois, sans oublier qu'une extension reste possible jusqu'en septembre. On peut aussi imaginer que l'Europe cherchera peut-être à obtenir des concessions qui lui seront favorables dans le cadre de son projet de relance du marché local du semiconducteur. Dans tout ça, il faudra aussi que la Chine donne son feu vert, et franchement, c'est plutôt de ce côté-là qu'on verrait la chose réellement heurter un mur, surtout dans le contexte actuel. (Source : Anandtech, European Commission)