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Semiconducteurs : la course à la production n'est pas réaliste, selon le président de TSMC et la TSIA

Alors que tous les grands blocs géopolitiques et économiques majeurs de ce monde se ruent l'un après l'autre dans la course au semi-conducteur et vers une redistribution de sa production dans le sillage de la pénurie mondiale avec l'attribution de subventions monstrueuses, le Président du comité de Direction de TSMC, Mark Liu, pense que ce n'est pas réaliste d'un point de vue économique et qu'une expansion de la capacité n'aidera pas à soulager le manque d'approvisionnement. Lors de sa prise de parole à la Taiwan Semiconductor Industry Association (TSIA, dont il est le président) au nom de cette alliance, il a néanmoins aussi admis qu'il est parfaitement censé de vouloir produire localement des puces destinées à l'infrastructure (comme la 5G) ou un usage militaire, mais a jugé que le rétablissement d'une chaîne d'approvisionnement locale complète avec l'objectif d'être plus ou moins autonome se révélera inefficace et potentiellement non profitable.

 

tsmc mark liu

 Mark, c'est Liu !

 

Liu a aussi totalement balayé l'argument de la concentration de la production à Taïwan comme l'origine de la pénurie, convaincu que celle-ci aurait eu lieu quoi qu'il arrive et quelle que soit la distribution géographique des lieux de production. En effet, il semble convaincu que la pénurie serait plutôt liée aux déséquilibres et incertitudes dans la chaîne d'approvisionnement qu'à un réel manque de capacité, des faiblesses exacerbées par le remue-ménage du COVID-19 et la transformation numérique que la pandémie a précipitée, ainsi que la source d'imprévisibilité et d'incertitudes que représente le bras de fer commercial entre les USA et la Chine. Mais parmi tous ces facteurs, Mark Liu considère que c'est la situation entre les deux grandes puissances qui a été la plus grosse source d'ennuis jusqu'ici. Il dénonce notamment les conséquences du ban contre Huawei et l'imposition de règles de contrôle strictes des exportations, des actions ayant apporté un vrai déséquilibre et beaucoup d'imprévisibilité.

Par conséquent, Liu (et donc TSMC) reconnaît aussi (pour la première fois) qu'il y a bien un problème très sérieux de « double réservation », une réaction assez logique considérant les nombreuses incertitudes auxquelles l'industrie doit faire face, mais où de nombreux clients commandent bien plus qu'ils n'en ont réellement besoin. Ceci obligerait TSMC d'effectuer un travail de tri supplémentaire, afin de déterminer l'urgence de chaque commande et celles qui peuvent être mises de côté, renégociant au passage certains contrats déjà signés pour en redistribuer la capacité de production prévue, particulièrement en faveur des puces pour les automobiles.  En somme, Mark Liu (et l'Alliance qu'il représente) est convaincu que la capacité de production totale est encore supérieure à la demande réelle du marché.

 

Tout ça c'est bien beau et il y a certainement de la justesse dans ces propos. Néanmoins, on peut aussi y deviner un peu d'inquiétude, la crainte de TSMC - habituellement très discret et qui n'a jamais autant été sur le devant de la scène que ces derniers temps -  face aux perspectives de l'émergence d'une compétition bien plus forte et à même de remettre en question sa domination confortable de longue date. Ainsi, le message de Mark Liu peut aussi être traduit comme un avertissement que le jeu n'en vaudrait pas la chandelle. Mais en ce qui concerne l'industrie, une vraie concurrence se révélerait sans aucun doute bénéfique et stimulante pour le marché.

Ce qui est sûr, c'est que c'est à grand coups de dollars et d'euros que ça va se jouer, aux USA, autant qu'en Europe, et l'Inde aussi y songe. Côté privé, on peut citer Intel, qui prévoit de débourser 20 milliards de dollars pour ses usines, ou SK hynix qui construit une giga-usine de plus de 100 milliards de dollars, et Samsung aussi est loin de se tourner les pouces. De son côté, TSMC a déjà fait savoir qu'il pourrait égaler l'investissement de SK hynix sur les 3 prochaines années, en sachant que 30 milliards sont déjà prévus pour 2021. Bref, faut-il en déduire que TSMC - et par extension, tout le pan de l'industrie taïwanaise qui en dépend - se sentirait soudainement un peu moins à l'aise avec les nouvelles tendances ? (Source : Computerbase, Nikkei Asia)

Un poil avant ?

Bon plan • du périphérique Mionix à petit prix

Un peu plus tard ...

Micron ou Western Digital pour (déjà) reprendre Kioxia, anciennement Toshiba Memory ?

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par Un ragoteur en cavale embusqué, le Lundi 05 Avril 2021 à 15h26  
Genre , oklm , y'a pas de crise . tout va bien , on tourne à 100 % , on choisit nos clients prioritaires , les autres font la queue...
par Jemporte, le Dimanche 04 Avril 2021 à 19h43  
Tout ça est très réaliste. C'est un message à l'UE et aux USA (et accessoirement à l'Inde) qui veulent investir le secteur à coups de subventions : ces subvention ne seront jamais rentabilisées niveau emploi car dépassées au moment de leur réalisation ou se mettant en danger de ne pas avoir un retour sur investissement qui les maintiennent à flot... tout cela mis à part le secteur protégé de l'armement.
En gros ce qu'il dit est simple : le top c'est chez nous que ça se passe et vous avez trop de retard pour rattraper. Et il a 100% raison !
Par ailleurs il adresse un message à ceux qui veulent une augmentation de capacité : la situation actuelle met tout le monde d'accord sur la rentabilité et il est hors de question de se retrouver en surproduction. Conclusion : leur industrie va prioriser la demande selon son urgence (et les autres étaleront ou retarderont leur production).
Les joueurs en seront évidemment pour leurs frais.
par Matthieu S., le Vendredi 02 Avril 2021 à 18h35  
par Un ragoteur goguenard en Île-de-France, le Vendredi 02 Avril 2021 à 07h55
Comme le suggère l'article, il semble bien plus probable que ce monsieur soit inquiet de voir des parts de marché lui échapper à l'avenir, du fait d'une relocalisation de la production. Je ne pleurerai pas sur son sort, le retour d'une saine concurrence ainsi que d'industries, d'emplois (et donc d'impôts) dans nos contrées ne pouvant qu'être bénéfique aux consommateurs et citoyens que nous sommes.
par m en Alsace, le Vendredi 02 Avril 2021 à 08h18
Comprends pas son inquiétude. Quelque soit les lieues de production, les usines (et donc les bénefs) lui appartiendront toujours (à lui ou à ses 2-3 concurrents).
A la rigueur, c'est le gouvernement Taïwanais qui pourrais se sentir lésé.
A lui de répondre présent aux différents appels d'offres, si il ne veut pas que ses concurrent lui passe devant.
J'ai oublié au départ de le mettre dans l'article, mais je ne pense pas qu'il s'agisse du seul avis personnel de l'homme en question, mais plutôt un sentiment partagé par la TSIA, c'est-à-dire l'ensemble de l'écosystème taïwanais du semiconducteur (équipement, packaging, conception, matériaux, etc.) et qui aurait probablement plus à perdre que TSMC lui-même d'une redistribution des cartes de la production.
par ragoteur gameur embusqué, le Vendredi 02 Avril 2021 à 10h19  
En résumé le mec veut garder son monopole plus que juteux et essaie de nous embrouiller pour nous faire croire que de la concurrence et des zones de production ailleurs ne changerait rien aux problèmes actuels.

Mais oui bien sûr. Et la marmotte elle met le wafer dans du papier d'alu pour améliorer la finesse de gravure tant qu'on y est.
par Scrabble, le Vendredi 02 Avril 2021 à 10h01  
OK, donc ça veut dire que dans un ou deux ans, il risque d'y avoir une sacrée crise des semi-conducteurs, qui se répercutera peut-être sur le prix des cartes graphiques. C'est à ce moment là qu'il faudra acheter.
par Roturier, le Vendredi 02 Avril 2021 à 09h52  
Le dirigeant d'une boite en monopole défend sa position, quoi de plus normal ?
par DP en Île-de-France, le Vendredi 02 Avril 2021 à 09h45  
"mais a jugé que le rétablissement d'une chaîne d'approvisionnement locale complète avec l'objectif d'être plus ou moins autonome se révélera inefficace et potentiellement non profitable."

Hahaha !
par philippe, le Vendredi 02 Avril 2021 à 09h04  
Bel exercice de langue de bois.
Un des principal problème c'est TSMC, qui se fait un monopole mondial de production.
Il dit que tout va bien mais ils ont annoncé un plan de 100 milliards pour de nouvelles usines, et finir de laminer ce qui reste: Intel (qui a déjà planifié le passage à TSMC) et Samsung.

Quand on a le monopole, la pénurie n'est pas problème mais une source de rançons juteuses.
par m en Alsace, le Vendredi 02 Avril 2021 à 08h18  
Comprends pas son inquiétude. Quelque soit les lieues de production, les usines (et donc les bénefs) lui appartiendront toujours (à lui ou à ses 2-3 concurrents).
A la rigueur, c'est le gouvernement Taïwanais qui pourrais se sentir lésé.
A lui de répondre présent aux différents appels d'offres, si il ne veut pas que ses concurrent lui passe devant.
par Un ragoteur goguenard en Île-de-France, le Vendredi 02 Avril 2021 à 07h55  
Bref, si l'on écoute ce monsieur: "tout va très bien, madame la marquise"... Et chacun connaît la conclusion de cette chanson !

La pénurie ne peut certainement pas s'expliquer par des commandes de précaution, pas après 14 mois de crise: les surplus seraient évidents et les stocks accumulés devraient être résorbés, or il n'y a aucun stock (à notre grand dam; moi qui espérais me payer une RTX3070 au mois de mars, c'est raté ) !

Comme le suggère l'article, il semble bien plus probable que ce monsieur soit inquiet de voir des parts de marché lui échapper à l'avenir, du fait d'une relocalisation de la production. Je ne pleurerai pas sur son sort, le retour d'une saine concurrence ainsi que d'industries, d'emplois (et donc d'impôts) dans nos contrées ne pouvant qu'être bénéfique aux consommateurs et citoyens que nous sommes.