COMPTOIR
register

×

harvard mark1 system

Hard du Hard • Technologies de Mémoires — partie 1/3
harvard mark1 system
harvard mark1 reel

Stockage Mécanique et Optique

Le 1er support de mémoire informatique a été réalisé bien avant la première carte électronique. Des cartes en papier rigide ont été utilisées dès le début du XIXe siècle pour automatiser un métier mécanique pour tisser du fil : le métier Jacquard, du nom de son inventeur lyonnais. A la fin du XIXe siècle, ces cartes en papier rigide perforées sont aussi utilisées pour jouer de la musique (l'harmonium de Carpentier, puis l'orgue de Barbarie). C’est une évolution de la boite à musique inventée à la toute fin du XVIIIe siècle à Genève : on peut maintenant changer la musique !

 

metier jacquard

Un métier Jacquard avec la carte perforée ©David Monniaux

 

Puis viennent les premières machines à calculer mécaniques (l‘Analytical Engine de Babbage et Lovelace, cela vous rappelle quelque chose ?), puis pour le traitement des données et enfin pour coder les premières machines à calculer électromécaniques – Z3 et Harvard Mark I.

 

harvard mark1 system [cliquer pour agrandir]harvard mark1 reel [cliquer pour agrandir]

Le système Harvard Mark 1 et son lecteur de programmes. Un poil encombrant pour le bureau  ©Topory et Arnold Reinhold

 

Entre temps, des sons ont également été enregistrés. À l'aide d'un bras mécanique relié à un microphone, il est possible d'"écrire“ le mouvement de la membrane d’un micro sous forme de piste analogique sur une matière souple en mouvement, même sans électricité. Ensuite, en utilisant le même stylet, mais avec un amplificateur de son, il est possible de lire cet enregistrement et de faire du son. Encore mieux, si vous enregistrez sur un disque ou cylindre souple, mais faites un moule maître de ce disque souple, vous pouvez l'imprimer sur un matériau plus solide. La distribution d’enregistrements musicaux sur disques et cylindres vinyles était née.

La programmation jusque dans les années 80 était à base de cartes perforées : le lecteur de carte avait un peigne métallique qui passait sur la carte et venait en contact avec des lignes conductrices sous les trous, transmettant chaque ligne de 0 (pas de trou) et 1 (trous) en séquence à l'ordinateur, comme un code Braille.

 

punch cardUne carte perforée contenant la lettre H  ©Chris Lott

 

Ces cartes servaient de mémoire secondaire. La densité de données était faible et il fallait un sacré paquet de cartes pour faire des programmes complexes. Hollerith, leur créateur, fonda la petite entreprise appelée IBM là-dessus.

 

punch card stack

5 mégaoctets de données format allume-feu ©MITRE Corporate Archive

 

Dans les années 70, les progrès des diodes laser infrarouges et des capteurs photoélectriques ont permis d’envisager de lire les supports de stockage mécanique de données avec de la lumière plutôt qu’avec des moyens mécaniques ou électromécaniques.

Le principe est simple : un laser envoie une impulsion de lumière cohérente sur le matériau à lire. Cette impulsion est réfléchie et arrive dans une cellule photoélectrique qui génère un courant. S’il y a un trou, le laser est moins réfléchi dans la cellule, et donc le courant est moindre. Au début limitée aux anciens formats en usage (cartes IBM et platines laser pour vinyles), cette méthode permit en 1982 de développer des méthodes de stockage bien plus efficaces : le disque compact (CD). Le CD et ses successeurs utilisent une version très optimisée de l’effet photoélectrique. En utilisant une seule longueur d‘onde lumineuse et des sillons de profondeur spécifique – un quart de cette longueur d’onde –, le passage de la surface au fond du creux crée des interférences.

 

cd pitLa surface d'un CD ©Akroti

 

Quand le laser passe sur la surface ou le fond du pit, la réflexion est totale (on code un 0), mais quand le laser entre ou sort d’un pit, les interférences annulent le signal (on code un 1).

 

cd schematics

Schéma de fonctionnement d'un lecteur de CD

 

Largement disponibles, ils pouvaient stocker 1 Go de données de tous types (musique, vidéo, code), plus que la plupart des disques durs. Ils sont aussi très simples à fabriquer, ne nécessitant qu’un moule plastique comme les vinyles ! Pour accéder aux données d'un lecteur optique, le programme doit spécifier le timecode, qui correspond à un espace physique sur le disque – un nombre de tours – où les données sont stockées sous la forme d'une chaîne de 1 et de 0 comme décrit ci-dessus.

15 ans plus tard, en utilisant des lasers à lumière visible, le DVD pouvait stocker jusqu'à 17 Go de données. Le Blu-Ray, avec un laser à lumière violette, pouvait stocker 100 Go en 2006. La réduction de la longueur d’onde permet de faire des sillons et des motifs plus fins.

 

cd dvd br pitComparaison de densité entre CD-Rom, DVD-Rom et Blu-Ray ©Nanofabrication

 

En dehors de ces normes largement connues, il existe de nombreux formats propriétaires (désormais obsolètes) de disques optiques. Il existe aussi des disques réinscriptibles, ou l’information est « brûlée » sur le disque. Au lieu de trous et d’interférences, les données sont inscrites en changeant l’indice de réflexion du matériau à l’aide d’un laser spécial. Les endroits « brulés » reflètent moins, et valent donc 1. Les disques optiques sont uniquement utilisés pour du stockage hors-ligne : pour exécuter les programmes se trouvant dans les disques ou lire leurs données, les systèmes informatiques doivent d’abord les charger dans leur mémoire interne.

 

playstation loadingUn bien trop long écran de chargement de l'époque du support CD

 

Les disques optiques sont encore utilisés pour la distribution de logiciels en raison de leur capacité, de leur durabilité et de leur non-volatilité, de leur compatibilité avec les systèmes informatiques même modernes et de leur caractère relativement peu coûteux. Cependant, la vitesse d'accès aux données est faible et le dispositif de lecture n'est pas compact. Les périphériques de lecture optique doivent être connectés en tant que périphériques à la carte mère de l'ordinateur, généralement via une connectivité IDE ou SATA. Les disques vinyle sont eux toujours utilisés par les passionnés pour les enregistrements de musique analogique.



Un poil avant ?

Test • Corsair 2000D RGB Airflow

Un peu plus tard ...

Firefly : l'IA générative s'invite sur Photoshop... entre autres

Les 14 ragots
Les ragots sont actuellement
ouverts à tous, c'est open bar !
par Jemporte, le Mercredi 31 Mai 2023 à 19h18  
Au sujet du disque Laser video qui a existé et qui a aussi donné des lecteurs data laser grand format (disque laser 30cm comme les vinyle), il y a eu 2 concurrents :
- le disque RCA à microsillon (carrément) mais avec une grosse densité et des données vidéo analogiques.
- le Laserdisc cité plus haut, de Philips/Thomson/Matsushita, analogique aussi (numérique pour le son)
- de mémoire : une autre standard disque capacitif (comme le RCA) mais sans micro-sillon mais une tête mécanique qui se balade en surface librement et permet donc une lecture séquentielle. Standard japonais, il me semble me rappeler par Epson. Une disque plus petit, de mémoire, de 20 ou 25cm.
Des trois seul le Laserdisc a survécu en tant que lecteur semi-pro élitiste.
Le troisième standard n'a jamais vraiment été lancé et celui de RCA a connu un succès relatif et éphémère.

Si RCA a tué son standard au milieu des années 80, le Laserdics a perduré et son support avec des nouveaux titres qui sortaient a duré beaucoup plus longtemps, et a franchi le cap de l'an 2000.
Le format CD repose sur le format hardware du Laserdisc. Il y a même des CD Audio avec une partie Laserdisc pour afficher un titre en clip vidéo sous format Laserdisc (analogique et lisible par lecteur Laserdisc uniquement) et non CD Video (numérique et sous format mpeg 1 apparu début des années 90) et lisible par tout ce qui traine comme lecteur numérique du format CD au Blue Ray.
par Jemporte, le Mercredi 31 Mai 2023 à 18h17  
Tiens, je pensais que pour le film standard c'était du 35mm, d'où d'ailleurs sort le fameux 24x36, pellicule de film de ciné, repris par Leica qui en a fait un film photo (avant ça on était sur le fameux 6x6 du format 120). Donc 35mm de largeur perforations comprises. Ca laisse une image de 22mm de large avec un bande son optique latérale contrairement à la photo qui utilise l'image en long, d'où le 24mm en haut (sans piste son) et le 36 en large. Ce format avec cette orientation a aussi été utilisée dans le cinéma pour certains procédés.

Concernant les bandes magnétiques, sous PC on a eu les standards très courants, QIC/QIC TRAVAN, 8mm issu des bandes vidéo et DAT issus des lecteurs audio. Ces standards ont pouvait couramment les trouver même chez des particuliers. Le QIC, notamment, précède les sauvegarde CDR apparues quelques années après et à des prix beaucoup plus élevés au départ pour le procédé laser. Un lecteur QIC-80 coûtait un poil plus que le lecteur disquette standard, autant dire pas grand chose, mais se raccordait au même port FDD assez lent même pour l'époque, face à l'IDE. Les premières cassettes avaient 40 ou 80Go, poussées à 120Mo, puis des cassette Ex sont apparues avec 400Mo, soit plus que les disques durs de l'époque. Un format QIC Travan, plus tardif, doublait ces capacités.

Le standard bande le plus abouti aujourd'hui, c'est le LTO et on peut y sauvegarder un disque dur des plus grosses capacités produites, avec une fiabilité sur la durée garantie incomparable, pour à peu près la moitié du prix du disque en question. Ca implique le matériel de lecture/écriture à ajouter (dans les 5000 euros le lecteur 5.25 LTO-9 lisant les bandes haute densité 18To), soit 3 RTX 4090, et le temps de sauvegarde quand même. Un intérêt qui donne à réfléchir.
par Reflections, le Vendredi 26 Mai 2023 à 17h53  
par Pascal M., le Vendredi 26 Mai 2023 à 06h57  
par Arkane le Jeudi 25 Mai 2023 à 21h21
Super intéressant, hâte de lire la suite !

Petite remarque cependant, l'usage du mot « disque » devant « SSD » (pages 1 et 3) me fait tiquer : un SSD n'est pas un disque.
disque, lecteur, unité... on est tout à fait dans le langage
par Arkane, le Jeudi 25 Mai 2023 à 21h21  
Super intéressant, hâte de lire la suite !

Petite remarque cependant, l'usage du mot « disque » devant « SSD » (pages 1 et 3) me fait tiquer : un SSD n'est pas un disque.
par Un passionné de JV, le Jeudi 25 Mai 2023 à 16h49  
Intéressant très bonne la première partie
par N3cR0n0M1k0V, le Jeudi 25 Mai 2023 à 14h44  
par Un ragoteur antédiluvien en Nouvelle-Aquitaine le Jeudi 25 Mai 2023 à 08h28
Ce n'est pas du ruban perforé, non...
Pourquoi pas, là on rentre quand même dans de la subtilité ++, le principe de perforer un truc pour y conserver une information. Le seul équipement que j'ai vu fonctionner de la sorte était un Telex et cela remonte à mon enfance. Merci pour la précision sur l'encodage cependant.
par Baptiste B., le Jeudi 25 Mai 2023 à 12h53  
par N3cR0n0M1k0V le Mercredi 24 Mai 2023 à 06h50
Article intéressant et belle rétrospective

Néanmoins page 2 : Les disques vinyle sont eux toujours utilisés par les passionnés pour les enregistrements de musique analogique.
De mon expérience ce serait plutôt : "enregistrements analogique de musique" , en musique électronique (source électronique, résultat analogique) les vieux DJ mixent toujours avec des vinyles.

Vivement la suite en tout cas!
Parfaitement vrai, je modifie la formulation !
par Un ragoteur antédiluvien en Nouvelle-Aquitaine, le Jeudi 25 Mai 2023 à 08h28  
par N3cR0n0M1k0V le Jeudi 25 Mai 2023 à 06h12
Hum, tout le début de la page 2 avec le métier Jacquard et le Harvard Mark 1 c'est du papier perforé
Ce n'est pas du ruban perforé, non. Ce n'est pas la même utilisation non plus, hein, car le ruban perforé (encodage Baudot) est bel et bien destiné à la mémorisation de données utilisées dans des équipements informatiques (y compris les équipements de chiffrement modernes), au contraire des bandes et cartes perforées, qui eux, sont utilisés pour stocker des programmes pour les machines mécaniques ou électromécaniques (métiers Jacquard), ou les ordinateurs antédiluviens (encore plus antédiluviens que moi, quoiqu'ils existaient encore dans ma jeunesse).
par N3cR0n0M1k0V, le Jeudi 25 Mai 2023 à 06h12  
par Un ragoteur antédiluvien en Nouvelle-Aquitaine le Mercredi 24 Mai 2023 à 07h17
Côté rétrospective, il manque au moins les rubans de papier perforés, qui sont d'ailleurs toujours utilisés de nos jours dans les armées du monde entier...
Hum, tout le début de la page 2 avec le métier Jacquard et le Harvard Mark 1 c'est du papier perforé, c'est même indiqué dans l'article Wikipedia que tu cites.
par Un ragoteur antédiluvien en Nouvelle-Aquitaine, le Mercredi 24 Mai 2023 à 07h17  
par N3cR0n0M1k0V le Mercredi 24 Mai 2023 à 06h50
Article intéressant et belle rétrospective
Côté rétrospective, il manque au moins les rubans de papier perforés, qui sont d'ailleurs toujours utilisés de nos jours dans les armées du monde entier, surtout pour les équipements de chiffrement (souvent incorrectement qualifiées de "cryptographiques", alors que la cryptographie concerne uniquement le cassage du chiffre et de codes dont on ne possède pas les clefs): ils servent en particulier pour diffuser, stocker et entrer les clefs (symétriques, i.e. quasi incassables) de ces équipements (en plus, ces rubans sont faciles à détruire une fois utilisés, ou en cas d'urgence), ainsi que pour les téléimprimeurs de sur-chiffrement hors ligne (pas question que ceux-ci soient reliés, même par un simple port série, à un autre équipement) utilisés pour les messages très secrets.
par N3cR0n0M1k0V, le Mercredi 24 Mai 2023 à 06h50  
Article intéressant et belle rétrospective

Néanmoins page 2 : Les disques vinyle sont eux toujours utilisés par les passionnés pour les enregistrements de musique analogique.
De mon expérience ce serait plutôt : "enregistrements analogique de musique" , en musique électronique (source électronique, résultat analogique) les vieux DJ mixent toujours avec des vinyles.

Vivement la suite en tout cas!