RIP les ambitions de l'industrie chinoise du semiconducteur ? |
————— 17 Octobre 2022 à 09h11 —— 19858 vues
RIP les ambitions de l'industrie chinoise du semiconducteur ? |
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Le 12 octobre, les nouvelles restrictions à l'exportation des dernières technologies de pointes en direction de la Chine élaborées par les États-Unis sont entrées en vigueur. Les motifs pour cette nouvelle offensive (majeure) sont globalement toujours les mêmes : la sécurité nationale, les intérêts de politique étrangère des USA et rétablir une chaîne d’approvisionnement en semiconducteur de bout en bout aux USA pour l'industrie américaine. En revanche, il s'agit de la salve la plus stricte à ce jour et beaucoup pensent qu'elle devrait faire des ravages, notamment en faisant perdre à la Chine plusieurs années d'avancée en matière de conception et de production à son industrie du semiconducteur !
L'interdiction concerne cette fois-ci tous les semiconducteurs, tous les équipements et tous les outils nécessaires à la production de semiconducteur qui ont de l'ADN américain. Autrement dit, énormément de choses. Ceci implique cette fois-ci autant les scanners DUV, que les scanners EUV, et surtout, il faut savoir qu'ASML - fournisseur mondial numéro 1 de machines lithographiques - a désormais totalement cessé de fournir ses services aux acteurs chinois ! Ouch... Il va de soi que tous les équipements non moins cruciaux pour la production de semiconducteur de KLA-Tencor, Lam Research ou Applied Materiels sont également concernés. Bref, fini les outils tout neufs, fini l'équipement, fini le support et fini les pièces de rechange...
Grosso modo, les entreprises américaines (mais pas que, obviously) se retrouvent en grande partie empêchés de collaborer d'une manière ou d'une autre avec des fabricants chinois, et tout particulièrement si leurs usines produisent l'une des catégories de puces suivantes : logiques avec transistors 3D et de 16 nm ou plus fin, DRAM de 18 nm ou plus fin, NAND de 128 couches ou plus. Une période transitoire d'un an a tout de même été accordée à certains acteurs, dont TSMC, Samsung et SK Hynix. Ils restent donc autorisés pour l'instant à approvisonner uniquement leurs usines chinoises avec les équipements nécessaires. Mais quoi qu'il en soit, les producteurs chinois de semiconducteurs se retrouvent ainsi quasi totalement isolés, et des entreprises comme YMTC ou SMIC ne peuvent plus se tourner vers un fondeur comme TSMC pour y faire produire leurs designs. Enfin, il est évident que le plan d'Apple d'utiliser YMTC comme fournisseur de NAND supplémentaire va aussi tomber à l'eau.
Une autre mesure phare des nouvelles sanctions est la possibilité de révoquer la nationalité d'un ressortissant américain en cas de violation de la législation en ayant soutenu la conception ou la production de puces en Chine. Ainsi, il s'avère que de nombreux ingénieurs employés par des entreprises telles que SMIC ou qui avaient été envoyés sur place en mission pour le compte d'une entreprise américain ont d'ores et déjà démissionné (le cas échéant) et quitté le pays. ASML aussi a envoyé un mémo à ses bureaux américains demandant à ce que tout contact direct ou indirect soit coupé avec les entreprises chinoises.
Pour beaucoup d'observateurs, cette nouvelle salve pourrait bien durablement fracasser l'ensemble de l'industrie chinoise du semiconducteur et faire suivre à des acteurs comme SMIC ou YMTC le même chemin que Huawei ou Fujian Jinhua... Ce sont exactement 31 entreprises chinoises qui ont été ajoutées à la "unverified list", qui n'est pas encore la liste officielle des nouvelles sanctions, mais devrait le devenir tôt ou tard. La Chine n'est évidemment pas contente et elle espère que les USA reviendront à la raison et à la table des négociations dans le cadre du World Semiconductor Council (WSC) ou du Governement/Authorities Meeting in Semiconductor (GAMS). (Source : Computerbase, Heise, EET China)
THREAD: The US government's new export controls are wreaking havoc on China's chip industry.
— Jordan Schneider (@jordanschnyc) October 14, 2022
New rules around "US persons" are driving an "industry-wide decapitation."