Faut-il repenser le fonctionnement d'Internet et de ses acteurs ? Oui selon le CNNum |
————— 15 Juillet 2020 à 12h21 —— 22937 vues
Faut-il repenser le fonctionnement d'Internet et de ses acteurs ? Oui selon le CNNum |
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Ces derniers mois, l'État et certains organismes se penchent sur l'impact du numérique sur notre société et sur notre environnement. Il y a environ un an, c'était le think tank The Shift Project qui mettait en garde sur l'impact négatif que pouvait avoir le numérique selon ses formes, puis la crise du coronavirus a mis sur le pilori les plateformes de streaming vidéo, déjà pointées du doigt quelques mois auparavant. C'est donc dans ce contexte que le Conseil National du Numérique a rendu son rapport commandé en février dernier, afin de donner plusieurs pistes de réflexion et de chantiers à appliquer pour obtenir une économie numérique "plus responsable".
Petit rappel de la répartition présumée des données sur Internet.
Le rapport, rendu la semaine dernière, s'articule sur une feuille de route comprenant 50 mesures, réparties sur 12 objectifs et classifiées en 3 chantiers, un vrai travail de bureaucratie à la française comme nous les aimons. Car chacune de ces mesures est appuyée de propositions du conseil, qui peuvent parfois être très pertinentes, tout comme parfois nous cherchons à voir comment certaines idées sont nées ou peuvent être correctement applicables. Mais parlons de chaque chantier indépendamment, afin de limiter les raccourcis.
Le premier des chantiers s'articule autour de la responsabilisation des entreprises du numérique - opérateurs, installateurs, intégrateurs, fabricants, etc… - auprès des entreprises. Nous y retrouvons des mesures pour encadrer les activités liées à ce domaine économique, afin de quantifier son impact et d'assurer une "transition exemplaire". Mais surtout pour ce qui nous concerne, de revoir comment le matériel est exploité, vendu et retraité, de trouver des moyens de lutter durablement contre des pratiques absurdes, comme l'obsolescence programmée, ou d'améliorer le recyclage et le réemploi. Un autre point qui est enfin abordé dans une des hautes sphères de notre pays, il s'agit de trouver une véritable solution pour obtenir une indépendance sur la production du matériel et en passant par d'autres ressources que celles qui sont extérieures à l'espace européen, ce qui ne serait pas impossible si la recherche sur les matériaux s'en retrouve boostée.
Par contre, sur les accès Internet, nous retrouvons de tout, en bien et en moins bien. Car, d'un côté, le rapport prône qu'il faut responsabiliser les opérateurs et s'interroger sur les usages actuels, et, d'un autre, on nous propose de limiter la casse en tapant sur les utilisateurs, soit en ralentissant le déploiement de nouveaux réseaux ou en proposant le retour aux forfaits limités en données sur les lignes fixes. Mais une vraie réflexion est faite sur les points 11, 12 et 13 sur l'impact quotidien de certains services du numérique et sur le manque de sérieux de l'industrie, comme la course à qui a la plus grande résolution d'écran, la création d'une dépendance aux écrans et l'appel à la surconsommation des méthodes publicitaires. La question sur l'exploitation des données en fait partie, afin de limiter les publicités ciblées ou l'analyse comportementale, qui touchent les plus fragiles comme à l'époque des vendeurs d'aspirateurs au porte-à -porte. Cela veut dire réfléchir à nouveau sur comment réaliser une économie du web et des contenus afin de permettre aux petits acteurs de survivre sans pour autant devoir se tourner vers des méthodes trop agressives, ou sans vendre son âme.
Même si l'image semble drôle, elle résume en partie comment nos écrans ont évolué
Le deuxième chantier est de trouver des solutions pour utiliser le numérique afin de créer des projets à l'échelle nationale, voire européenne, dans le but d'améliorer notre gestion de la transition écologique. Et ici les mesures sont de bonne qualité, proposant la mise en place d'outils et de solutions efficaces pour travailler correctement sur ce sujet. Partage des ressources, coopération économique, implantation sur l'ensemble des territoires et même la réflexion d'une stratégie sur les IA au niveau national. Un changement de cap un peu trop beau pour être vrai, à voir si les politiques et les sociétés sont du même avis que la commission, mais un tel chantier permettrait de rattraper en partie le retard que nous avons à ce sujet.
Le troisième chantier est tout aussi lourd que le premier, mais s'attaque cette fois à notre éducation et notre implication citoyenne vis-à -vis du numérique. Les points classés prioritaires sont une prise de conscience à l'échelle européenne des "bonnes conduites" à adopter, en passant probablement par la création d'un label ou d'une reconnaissance pour favoriser les acteurs qui vont dans ce sens. Mais nous y retrouvons surtout deux points qui manquaient dans les débats : l'éducation de la population, et le financement de la recherche.
Le CNNum demande donc à ce qu'une sensibilisation et une éducation sérieuse sur le numérique soient dispensées au plus vite auprès des citoyens, tout autant sur l'utilisation des réseaux que sur les méthodes de consommation. Il ne s'agit pas de formater la population, mais de bien faire prendre conscience aux gens les moins informés de comment acheter un produit qui correspond à vos besoins, et quels sont vos besoins. Et nous ne parlons pas seulement du système éducatif, mais aussi de créer des campagnes de sensibilisation dans les zones prioritaires, afin de protéger les populations défavorisées du marketing à outrance parfois utilisé, que ce soit pour le matériel - et pour cela, lisez nos tests du comptoir - ou sur les opérateurs qui n'indiquent pas toujours toutes les conditions sur les contrats.
Même si la situation s'améliore, l'éducation du numérique auprès des plus jeunes est encore faible et archaïque
Dernier point de décryptage de ce rapport, l'implication dans la recherche et les financements liés à l'ensemble de ces mesures, un sujet qui fâche en France, car la recherche publique est souvent sous financée par l'État. Le rapport demande donc d'orienter la recherche sur ces sujets et de mettre en place des financements adéquats - c'est-à -dire rajouter des fonds et non pas en transférer d'un autre secteur - afin de soutenir les efforts réalisés par les entreprises. En gros, la commission demande aux acteurs publics de faire autant le travail que les autres, et de relancer correctement la recherche afin d'obtenir une transition numérique durable.
Alors dans tout ça, que devons-nous en retenir ? Le conseil appelle à une responsabilisation demandée depuis longtemps maintenant par la communauté scientifique, le tout en passant par une série de mesures plus ou moins prioritaires. Il ne faudra pas se leurrer cependant, à moins qu'un gouvernement soit clairement assez ambitieux et solide pour porter l'ensemble de ces chantiers, le rapport permet plutôt de faire prendre conscience à la fois des retards, mais aussi des possibilités qu'offrent notre pays et l'Europe afin de rétablir un équilibre. Mais cela peut prendre des années, pour ne pas voir totalement le jour ou être trop en retard face à l'importance des géants américains et asiatiques. Pourtant, nous ne manquons pas forcément de ressources, que ce soit au niveau de la recherche, des entreprises - pour rappel, certains géants comme Infineon, NXP ou STMicroelectronics sont européens - ou de l'éducation, mais il faudra se retrousser les manches si nous voulons voir une vraie transition numérique, et pas les mêmes chantiers bâclés depuis les années 90.
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