Dossier • le marché des clefs de jeux vidéo

Conclusationnite

Outre le fait de vous aider à faire votre choix et de vous éviter l'achat d'une clef foireuse, on se doit de conclure pour clarifier les choses sur le marché du jeu vidéo dématérialisé. C'est un commerce dont les limites sont floues et qui n'est clair pour personne. Client, revendeur, gouvernement, éditeur ou grossiste, personne n'en donne la même définition et tout le monde jette la pierre à l'un où à l'autre pour ramener le client vers son propre business.

Légalement parlant pour nous en France, la vente de clefs CD sorties d'un support physique est simplement interdite. C'est déjà un premier point sur lequel le gouvernement tape et s'y ajoute le fait que la TVA est perdue, ce qui ne convient pas non plus. Voilà déjà le premier acteur à dénigrer ce marché. La mondialisation ça va bien, mais que quand ça permet de faire de l'argent, pas d'en perdre !

La revente, une échelle aux barreaux sciés

Par ordre d'importance, on a en premier (vu que l'état ne compte pas vraiment dans la chaine de vente) les éditeurs. Vous vous doutez que nous en avons contacté plusieurs (Ubisoft, Valve, Electronic Arts, Bandai Namco) et la réponse est toujours la même : "Nous n'avons rien à communiquer à ce sujet". Alors qu'on peut se dire que les studios et éditeurs perdent de l'argent lorsqu'une clef destinée à la Russie est vendue en France, au final ils n'ont rien à déclarer sur le sujet. Même lorsque l'on pose de simples questions pour connaître le nom des grossistes et revendeurs partenaires, silence radio. De façon légale ou pas, une clef vendue est une clef vendue et cela permet d'annoncer de gros chiffres de ventes lors des bilans trimestriels. En plus, un jeu vendu pour pas cher, c'est toujours mieux qu'un jeu piraté.

Ensuite côté grossistes, c'est tout pareil. A part dire que le marché se porte bien et qu'ils s'attendent à une hausse de 50% sur 2015, rien à déclarer. Ils ne veulent surtout pas nous dire d'où proviennent leurs stocks et à qui ils les vendent. Encore une fois, on entretient le flou le plus complet.

On descend dans la chaîne pour arriver chez les revendeurs. Là on a trois types de réponses. Premièrement, et c'est le cas de DLGamer, on à affaire directement au boss d'une boite partenaire des éditeurs qui connaît bien son domaine et le milieu et est une source d'informations. Pas de langue de bois, des informations avec exemples et démonstration pour appuyer, des chiffres clairs, rien à cacher. Deuxièmement, des boites à la limite du légal (comme BuyKey.fr ou Instant-Gaming) qui se prêtent au jeu pour servir leurs intérêts et s'accordent à être à la limite du légal en France, sans être dans l'illégalité puisque leur société n'est pas domiciliée dans le pays. Enfin, troisième cas de figure, on va vous répondre, mais en fait on ne dit rien, c'est le cas de ceux qui pratiquent le Market Place et se savent bien loin derrière la limite du légal. C'est à ce niveau qu'existe le plus gros bordel, les clefs peuvent venir de n'importe où et être passées dans de nombreuses mains avant de se retrouver en vente sur un site ou un autre. Manque de stock, besoin de réapprovisionner rapidement, nécessité de vendre le moins cher possible, ce sont ces besoins qui font que certains revendeurs deviennent moins regardant au sujet de la source des clefs récupérées. C'est d'ailleurs le principale problème de ce marché et ce qui devrait vous encourager à préférer des revendeurs sérieux et partenaires.

Enfin on trouve le client. Lui il veut son jeu et dépenser le moins possible. Si l'offre disponible sur le web est vaste, rien ne lui interdit d'utiliser sa cervelle et son bon sens avant d'aller acheter n'importe où. De la même façon qu'on se doute qu'un sac Vuitton à 10€ a quelque chose de louche, trouver un jeu à sa sortie pour -70% aura quelque chose d'anormal. De plus, utiliser un VPN ou tout autre moyen détourné pour activer un jeu sera un acte illégal qui dans l'absolu pourrait être condamné par le droit français (ou tout du moins se terminer par une clef bannie).

Pensez au parachute !

Le point important à retenir c'est qu'il n'y a pas un marché du jeu vidéo dématérialisé, mais plusieurs. Celui des éditeurs, celui des revendeurs, celui des trafiquants et l'état met les deux derniers dans le même panier parce qu'ils ne jouent pas tous le jeu de la TVA et qu'ils permettent le plus gros flou au niveau de la traçabilité. Côté éditeur, c'est du pareil au même, un jeu vendu c'est mieux qu'un jeu piraté et un sou est un sou. Le seul problème est quand l'argent n'est pas là et c'est ce qui déclenche des annulations de clef.

D'où viennent la grogne et toute la mauvaise image qui poursuivent ce milieu alors ? Une fois les vendeurs illégaux mis de côté, c'est surtout le revendeur légal qui souffre des prix trop bas. Financièrement parlant, le plus gros perdant n'est ni l'état, ni l'éditeur ou le studio du jeu. Ici le plus gros perdant est Steam - ainsi que tous les autres revendeurs partenaires qui ont des structures de moindre envergure - qui se retrouve à activer de nombreuses clefs alors que la plateforme vend et offre un support pour le jeu (en plus de mettre à disposition le master et les mises à jour). Pouvoir activer un jeu à 50€ sur Steam en l'ayant payé 12€ chez les Chinois, ça fait un manque à gagner plutôt conséquent surtout quand on sait le nombre d'intermédiaires qu'il y a eu au milieu.

En créant sa plateforme, Valve a ouvert la porte au marché parallèle qui va avec. S'il y a quelques années on était liés par les prix pratiqués par les distributeurs qui nous vendaient des CD/DVD (même si Amazon et d'autres avaient déjà pas mal joué le jeu des différences de taxes), en passant au dématérialisé les frontières des pays ont disparu et ont laissé l'opportunité d'aller chercher le jeu là où il est le moins cher pour casser les prix globalement. Là où cela a vraiment merdoyé c'est qu'un réseau parallèle s'est aussi créé à grand renfort d'escrocs qui ont trouvé le moyen de gonfler les stocks de clefs en utilisant des moyens illégaux.

Maintenant il faut choisir son camp. La jouer réglo en achetant en France/Europe quitte à payer un peu plus cher ou accepter de passer par des sociétés qui jouent sur les différences économiques (ce qui n'est pas juste rappelons le) entre les pays pour tirer les prix vers le bas. On ne saurait que vous conseiller de la jouer réglo. Ce n'est pas qu'une question d'acheter français et de payer sa TVA, c'est aussi éviter d'entretenir un système qui est relativement pourri de l'intérieur tant ses acteurs ne peuvent que difficilement se protéger des lots de clefs foireuses. Pour prendre un exemple tout bête, Instant-Gaming est une grosse boite avec pas loin de 50 employés de par le monde, ils sont parmi les sites les plus utilisés et pourtant, ils ont eu un lot de Far Cry 4 foireux dont les clefs ont été bannies. Chose qui n'arrive jamais lorsqu'on passe par un revendeur officiel.

Conclusion finale et définitive (en attendant mieux)

Pour bien se faire entendre et clarifier les choses, voilà ce qu'il faut retenir :

Trois points qui vous permettront d'éviter à coup sûr de voir votre clef invalidée. Et si ces sites vendent le jeu trop cher à sa sortie, pourquoi ne pas attendre un peu que son prix baisse en finissant un des 30 jeux Steam que vous avez récupéré sans jamais les lancer ? En plus ça vous évitera les bugs de lancement qui sont devenus habituels à la sortie des gros titres. Pour en finir avec une analyse des dérives de ce milieu, on vous partage une vidéo d'UnDropDansLaMare qui explique simplement pourquoi les titres AAA ne devraient plus avoir nos faveurs aujourd'hui, surtout en Day One.

Un grand merci à tous les acteurs du milieu qui se sont prêtés au jeu et ont accepté de répondre (ou pas) à nos questions, souvent tordues, pour tenter de clarifier cette activité. Vous pouvez les retrouver sur leurs sites : DLCompare , DLGamer, Good old Games, GreenManGaming, Metaboli, Humble Bundle, Steam, Uplay, Origin, Instant-Gaming, BuyKey et GocleCD.