DRAM : entente et collusion ? Samsung, SK Hynix et Micron visés par un procès aux US !

Ah les US, pays des recours collectifs, paradis des avocats ! Mais celle-là, on pouvait presque la sentir venir, et de loin. En effet, la question s’était déjà posée à plusieurs reprises, et plus particulièrement en Chine dont l'autorité de régulation économique avait annoncé fin décembre vouloir se pencher sur la situation du marché de la NAND et  de la DRAM. Il faut reconnaître que, pour l'un comme pour l'autre, toutes les planètes semblent bien alignées pour pousser les quelques acteurs majeurs à manigancer tous ensemble; le travail d'équipe ça paye parfois mieux, c'est bien connu !

En attendant des nouvelles du côté de la Chine, partons vers les US où le trio magique - Samsung, Hynix et Micron - vient tout juste d’être servi par le cabinet d'avocat Hagens Berman auprès des juges en Californie. L’accusation est simple et courte : Samsung, Micron et Hynix tricheraient afin de limiter artificiellement l’approvisionnement de DRAM dans l'unique but de maintenir des prix élevés. En conséquence, les autres constructeurs ne pouvant se passer de la précieuse DRAM ont bien évidemment reporté ces coûts de production plus élevés sur les étiquettes de prix en magasin, affectant le pouvoir d'achat du consommateur. C'est vrai pour pas mal de produit comme les smartphones, les barrettes de RAM, mais apparemment aussi les cartes graphiques !

Hagens Berman procède ensuite en expliquant que le trio ci-dessus contrôle en réalité aisément 96% du marché de la DRAM et cherche à démontrer que les actions des compagnies sont bien les causes principales de l'augmentation de 130% du prix des puces de 4Go de DRAM sur la période Juillet 2016 à février 2018. Pour appuyer leur argument, la firme met aussi en avant le doublement du bénéfice des trois entreprises sur la période Q1 2016 et Q3 2017, il est vrai un point qui flaire tout de même la coïncidence foireuse.

Enfin, Hagens Berman appuie également sur le fait que cette augmentation faramineuse des prix n'a aucune corrélation avec les coûts de production, de surcroît celle ci n'aurait d'ailleurs pas réellement augmentée sur cette même période. Il n'y aura pas non plus eu d’évolution technologique majeure entre temps pouvant justifier une telle hausse des prix. Selon Steve Berman, partenaire de gestion chez Hagens Berman, la situation présentée est donc un exemple tout à fait classique d'antitrust et de fixation des prix par une poignée de compagnies dominant un marché en quasi totalité afin d'en tirer un maximum de profit en dépit des régulations et au dépens des consommateurs.

Après avoir déposé le dossier auprès du tribunal en Californie, Hagens Berman essaye maintenant d'obtenir le statut d'action collective, et les personnes intéressée peuvent se rendre ici. La DRAM se trouvant presque partout de nos jours, c'est une affaire à l'ampleur et à l’étendue assez phénoménale, signifiant aussi qu'il ne sera pas bien difficile d’être éligible pour y participer.

Il est important de savoir que la firme Hagens Berman est une habituée des actions en justices et autres actions collectives à l'encontre des grosses compagnies Tech depuis quelques années déjà. En 2010, il avait par exemple remporté une affaire contre Sony, Hitachi et Philips, portant sur la  fixation du prix des lecteurs de disques optiques. Un peu avant, Berman avait aussi déjà fait face à Samsung pour des chefs d'accusations assez similaires, c'est à dire la fixation des prix  de la DRAM, et  l'affaire c’était alors conclue avec une amende de 300 millions de $ à l'encontre du coréen. En 2018, c'est donc l'heure pour les retrouvailles ! Sans l'ombre d'un doute, Hagens Berman semble en tout cas disposer de toute l’expérience requise pour prendre de  front les  trois mastodontes et faire aboutir avec succès cette énième action collective ! Une affaire à suivre  de près. Et nous alors ?