Huawei effectivement blacklisté aux US et boycotté par l'industrie Tech, et après ? (MAJ 2) |
————— 21 Mai 2019 à 08h45 —— 14996 vues
Huawei effectivement blacklisté aux US et boycotté par l'industrie Tech, et après ? (MAJ 2) |
————— 21 Mai 2019 à 08h45 —— 14996 vues
MAJ 22/05/19 @13h19 : Bien que basé au Royaume-Uni, ARM aussi vient d'annoncer la suspension des affaires avec Huawei et ses filiales, dont HiSilicon. Un nouveau coup dur pour le Chinois qui dépend énormément des brevets ARM pour le développement de ses produits. ARM aurait ordonné à ses employés de cesser immédiatement toute relation avec Huawei, quelle qu'elle soit. ARM aurait notamment basé sa décision sur le fait que ses produits contiennent des technologies d'origines américaines et tombent en conséquence sous le coup de la nouvelle liste noire US.
À noter que cette suspension n'impacterait que les futurs transferts de technologies et conceptions, Huawei peut en principe continuer à manufacturer des puces basées sur les technologies déjà en sa possession - y compris les puces déjà achevées et en phase de commercialisation. Ainsi, les conséquences ne se feraient pas nécessairement ressentir immédiatement. Mais si rien ne change, coupé des futurs brevets ARM, l'avenir de Huawei est désormais plus compromis que jamais. (Source)
MAJ 18h06 : Le Département du Commerce US a fait preuve d'un peu de bonté en accordant une période de grâce de 90 jours à Huawei. Durant cette période - renouvelable selon le bon vouloir de l'administration américaine -, le géant chinois sera autorisé à acheter du matériel et du software, mais uniquement à des fins de maintenance de l'infrastructure déjà en place et des appareils déjà sur le marché. Ainsi, cette exception temporaire ne permet en aucun cas à Huawei d'obtenir quoique ce soit d'américain (ou américain à 25%) pour la production de nouvelles références.
Entre temps, Huawei a toutefois garanti qu'il continuera bien à fournir mises à jour de sécurités et SAV pour les appareils vendus ou encore en inventaire de par le monde. Côté Europe, la compagnie parait optimiste et ose espérer que l'UE résistera aux pressions des USA comme elle l'a généralement déjà fait jusqu'ici dans le cas de l'affaire Huawei, et qu'elle maintiendra aussi le cap sur les projets 5G. (Source : 1 et 2)
Impliqué par le dernier décret présidentiel sur la sécurisation de la chaîne logistique des technologies de l'information et des communications après avoir été ajouté - ainsi que les compagnies affiliées - chez le Département du Commerce US à la "liste des entités" bannies, Huawei a vu sa relation avec l'industrie Tech américaine subir une fin abrupte ! Sur fond de crainte d'espionnage et de contexte de conflit (commercial) avec la Chine, le but du décret du 15 mai est d’empêcher Huawei (la compagnie n'est toutefois pas directement mentionnée dans le décret lui-même) de fournir son matériel et ses services aux compagnies télécoms américaines, notamment pour le déploiement de la technologie 5G.
Désormais, l’ordre présidentiel et l'interdiction du Département du Commerce obligent également toutes les compagnies américaines depuis le 17 mai à se conformer à la nouvelle directive, à moins d’être expressément dispensées de le faire, ce en dépit d'une Silicon Valley en apparence souvent très critique vis-à-vis des décisions présidentielles et du bras de fer avec la Chine.
Pas de salut donc, la suite ne s'est pas fait attendre et pendant le week-end la quasi-totalité des compagnies US majeures ayant jusqu'ici été en relation avec Huawei ont consécutivement déclaré leur rupture. C'est le cas par exemple de Google, qui a annoncé qu'il n'accordera plus de licence Android à Huawei et retirera l'accès aux mises à jour et à Google Play des smartphones Huawei. Heureusement, Google a clarifié que cette mesure ne concerne pas les smartphones déjà sur le marché, mais s'applique a priori uniquement aux (ex-)futurs produits (tous ? Une partie ?), le géant n'a toutefois pas précisé ce qu'il en sera spécifiquement des mises à jour Android. En tout cas, c'est un coup dur pour Huawei, 2e sur le marché du smartphone, et qui était bien parti pour prendre la première place sur le podium des ventes.
Autre acteur majeur et indispensable au commerce de Huawei, Intel aussi a annoncé qu'il ne fournira plus aucun processeur ni matériel hardware au constructeur asiatique. Idem pour Qualcomm et Broadcomm, qui fournissent les SoC mobiles et puces réseau. Enfin, Huawei perd également l'accès aux produits Windows et Office de Microsoft. Par contre, les conséquences du décret s'appliquent aussi au-delà des USA, certains constructeurs tels qu'Infineon et STMicroelectronics seraient également en train de reconsidérer leur relation avec Huawei.
De plus, les analystes estiment que les sanctions envers Huawei ne se limiteraient justement pas aux seules compagnies US, mais englobent sous l'"US Export Administration Act of 1979" tous les produits contenant plus de 25% de hardware ou software d'origine américaine... Ainsi, un produit même japonais (par exemple) ne peut être marchandé avec Huawei si un quart du produit est américain. D'autres compagnies comme Murata Manufacturing (fournisseur japonais de condensateurs) ou Hong Hai Precision Industry Co. (Foxconn, Taïwan) risquent donc également de subir les conséquences de cette mesure.
Est-ce le début de la fin de Huawei ? On peut aussi se demander dans quelle mesure tout ceci affectera la décision européenne prise le 16 mai dernier (décidément, quel calendrier serré cette affaire) de se tourner vers Huawei - qui équipe déjà la majorité de l'infrastructure du réseau 4G européen - pour l'installation des futurs réseaux 5G, sans surprise fortement critiquée par les États-Unis. Accessoirement, Huawei représentait aussi jusqu'à présent à lui tout seul $67 milliards du marché du semi-conducteur (qui valait en tout 477,84 $milliards en 2018), soit tout de même potentiellement un très gros trou pour cette industrie. Bref, on verra bien de quelles parades Huawei se servira pour essayer de limiter la casse, et aussi la réaction de la Chine à cette nouvelle offensive. Et que fera donc l'Europe en fin de compte ? (Source : 1, 2)